Dans une interview publiée jeudi 30 décembre par le magazine en ligne de l’institution, le Bulletin du FMI, l’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI) prédit une reprise mondiale à deux vitesses en 2011, les pays développés affichant une croissance modeste alors que les marchés émergents feront figure de moteur de la croissance mondiale.
Olivier Blanchard explique qu’il est nécessaire que les pays rééquilibrent leur économie en laissant les taux de change évoluer plus librement. Il souligne également qu’il est vital pour les Etats de prendre des mesures visant à maîtriser leur dette. « Sans un rééquilibrage mondial, il n’y aura pas de reprise robuste », prévient-il.
Le FMI a exhorté certains pays, comme les Etats-Unis, qui fondent leur croissance sur la consommation, à épargner et investir davantage. Les pays qui dépendent des exportations, comme la Chine, sont en revanche invités à encourager la consommation.
La Chine a en effet engrangé un énorme excédent commercial en exportant des biens bon marché aux Etats-Unis et en Europe. Pékin a été l’objet de virulentes critiques, accusé de maintenir le yuan sous-évalué pour avantager ses exportations.
Si Olivier Blanchard ne mentionne pas clairement la Chine, il sous-entend que le yuan doit flotter plus librement. « Le rééquilibrage est un processus complexe. La solution ne sera pas trouvée grâce à une seule mesure ou par un seul pays, mais l’ajustement des taux de change fait partie intégrante de ce processus ».
Il estime par ailleurs que les pays européens auraient été confrontés à d’importantes difficultés même si la crise mondiale avait été évitée en 2007. « Ils ont augmenté excessivement la demande intérieure, en se fondant sur des prévisions bien trop optimistes, et certains ont donc alimenté un important déficit budgétaire ».
Olivier Blanchard prévoit des temps particulièrement difficiles à venir pour la Grèce et l’Irlande, mais pas seulement.
Il a notamment indiqué que d’autres pays européens auraient intérêt à se faire aider par le FMI et l’Union européenne dans leur combat contre la montée de la dette publique. « Les Etats peuvent-ils parvenir à des finances publiques viables ? Ils le peuvent. Peuvent-ils le faire seuls ? Je comprends tout à fait la réticence des pays à demander un programme commun de l’Union européenne et du FMI. Mais de tels programmes peuvent aider », a-t-il ajouté.