A la fin des années 2000, la France comptait 250 000 personnes sans domicile ou en hébergement précaire et 2,9 millions habitant des logements sans confort, selon une étude de l’Insee publiée jeudi 6 janvier.
Ces chiffres confirment l’impact persistant et largement diffusé de la crise du logement dans le pays, dénoncé régulièrement par des organisations non gouvernementales, au premier rang desquelles la Fondation Abbé-Pierre.
Cette dernière recensait au début de l’an dernier 3,5 millions de “mal-logés“, en se fondant sur des critères différents de ceux retenus par l’Insee. Tout en soulignant que les situations de grande difficulté — de l’absence de logement à la privation de confort — ne peuvent être qu’approchées du point du vue statistique, l’institut évalue à 33.000 le nombre de personnes sans abri ou hébergées en centres d’urgence en France métropolitaine.
Cette population, fortement masculine, est pour près de la moitié localisée en Ile-de-France. S’y ajoutent 66 000 personnes (dont 30 % de mineurs et 40 % de femmes) hébergées pour des durées plus longues par des établissements sociaux, comme les centres de réinsertion sociale ou les établissements d’accueil mère-enfant, et 34 000 vivant dans des logements relevant de l’aide au logement temporaire (ALT).
A côté de ces 133 000 personnes sans domicile, l’Insee en dénombre 38 000 autres vivant à l’hôtel à leurs frais et 79 000 hébergées par un particulier sans lien familial direct, faute de moyens financiers suffisants pour disposer d’un logement indépendant.
2,1 millions de personnes “privées de confort“
L’étude précise que ces situations “touchent plus particulièrement des hommes, des Franciliens et des jeunes” et qu’elles concernent à 43 % des personnes qui ont un travail, le plus souvent des ouvriers et employés. A ce “noyau dur”, l’Insee ajoute 282 000 jeunes adultes (chiffre 2002) contraints d’habiter chez leurs parents ou grands-parents. “Pour ces personnes, plus encore que pour les hébergés du ‘noyau dur’, être hébergé et occuper un emploi, y compris de niveau cadre, peuvent aller de pair,” note l’étude.
Deuxième grande catégorie identifiée par l’Insee : les victimes de mauvaises conditions de logement, qu’elles habitent dans des logements insalubres, peu ou mal chauffés, privés de sanitaires ou surpeuplés. Leur nombre est estimé à 2,9 millions (1,1 million de ménages). Cette population regroupe les personnes vivant dans des habitations “de fortune” (constructions provisoires ou caravanes pour l’essentiel), estimées à 85 000 en 2006, celles occupant des logements considérés comme “privés de confort” au regard des critères de la loi de 2007 sur le droit au logement opposable (DALO), qui seraient 2,1 millions, et les occupants de logements surpeuplés, estimés à 800 000 personnes.
L’étude de l’Insee, qui se fonde sur des données recueillies pour la plupart entre 2002 et 2008 précise qu’un million de ménages à faibles ressources déclaraient en 2006 avoir des difficultés à payer leurs dépenses de logement ou être en situation d’impayé. Selon une enquête de l’IFOP pour SeLoger.com publiée le mois dernier, plus d’un Français sur cinq se sent menacé par le mal-logement et 7 % d’entre eux se considèrent mal logés.
(Merci à Léonidas)