Les musulmans sont-ils une menace pour l’identité nationale française ? Leur religion est-elle un frein à leur intégration ? Franck Fregosi, universitaire, chercheur au CNRS, auteur de «Penser l’islam dans la laïcité», nous livre son analyse.
Mis à part des groupes extrémistes marginaux, les musulmans, quel que soit leur niveau de pratique, s’adaptent à leur environnement.
Nous sommes dans une logique où l’islam est perçu de manière négative dans sa globalité. Ce n’est pas nouveau, la représentation de l’islam n’a jamais été positive en France, même s’il y a eu une accélération ces derniers temps.
Pour quelle raison ?
Il y a eu un certain nombre de faits divers, notamment sur la scène internationale, et la volonté d’inscrire à l’agenda politique le débat sur le voile intégral ou sur l’identité nationale qui ont pu constituer un défouloir. Le débat sur l’identité nationale a d’ailleurs ouvert un certain nombre de verrous et les gens s’y sont engouffrés afin d’exprimer leurs réticences à l’égard de l’islam.
Nous sommes dans une situation de fragilisation, notamment sur le plan économique, et souvent dans ce cas nous avons tendance à trouver des palliatifs, des fuites, pour ne pas regarder la réalité en face. On transfère à la réalité de l’islam un certain nombre de problèmes qui sont réels, comme la délinquance et la violence, mais le problème est avant tout social. Un autre élément me paraît révélateur. Il y a cette focalisation sur le paramètre islam qui était auparavant assez courante dans les milieux d’extrême droite, mais aujourd’hui ce phénomène s’est élargi. Les assises contre l’islamisation de la France l’ont démontré : on y a vu des gens de gauche et d’extrême gauche, plutôt laïques, rejoindre l’extrême droite sur ce terrain.
L’islam est-il une menace pour la laïcité ?
Je ne le pense pas. Toute religion a du mal à admettre le principe de laïcité. Ce n’est pas de gaieté de coeur que l’Église a accepté la loi de 1905, c’est parce que le législateur la lui a imposée. (…)