Les musulmans d’Asnières prieront-ils un jour dans la future mosquée Al-Hidaya al-Islamiya ? Rien n’est moins sûr. Entamée il y a six ans, la construction du lieu de culte traîne en longueur et les fidèles s’interrogent, notamment sur le devenir des sommes phénoménales qu’ils donnent pour financer ce chantier ambitieux.
La première pierre de l’édifice fut posée en grande pompe en octobre 2004, en présence de Nicolas Sarkozy, alors président du conseil général et ministre du Budget. « Cela fait six ans et ça n’avance pas », résume un vieux fidèle. Un autre, longtemps proche d’Abdelkader Achebouche, a préféré prendre ses distances quand il a « suspecté une mauvaise gestion », pour ne pas dire « des détournements ». « L’argent coule à flots dans les mosquées. Pour le seul jour de l’Aïd, on peut atteindre 20000 € à 30000 € de dons à Asnières. Le mois du ramadan, on dépasse 100000 €. Mais où va l’argent ? Pourquoi n’est-il pas comptabilisé dans un registre ? » « Nous rendons des comptes aux fidèles tous les vendredis, rétorque Abdelkader Achebouche. Les recettes et relevés de banque sont affichés à la mosquée. »
Agacé d’avoir à affronter des « critiques faciles », le président d’Al-Hidaya assure que la première phase des travaux sera achevée avant la fin de l’année. « Nous espérons être prêts pour le ramadan (NDLR : en août). » Une « première phase » dont le coût atteint « 1,5 M€ à 2 M€ » lâche Abdelkader Achebouche, hésitant à répondre à nos questions, jusqu’à mettre un terme à l’entretien. Si le chantier est bloqué depuis des mois, ce n’est pas à cause d’une « mauvaise gestion », mais parce qu’il a « fallu demander un permis de construire modificatif pour les fenêtres », tient-il néanmoins à préciser.
Sur International Construction Valencia (IC Valencia), l’entreprise chargée du chantier en 2005, il se refuse à tout commentaire, sauf pour dire : « IC Valencia a déposé le bilan. » Créée en janvier 2005, trois mois après la pose de la première pierre, IC Valencia a été « quasiment imposée » par un proche d’Abdelkader Achebouche, écrivait dès novembre 2005 l’architecte du chantier. « Il n’y a même pas eu d’appel d’offres, IC Valencia est arrivée parce que certains l’ont décidé, c’est tout », s’emporte un ancien proche d’Achebouche. Créée en SARL avec un capital de 500 €, IC Valencia a donc décroché le marché du gros œuvre pour 800000 €. Les travaux ont été réalisés, mais livrés avec des malfaçons que l’architecte a exigé de voir corriger, sauf qu’entre-temps, la société a déposé le bilan et l’architecte a été congédié. Si les soupçons de malversations se renforcent chaque jour dans la communauté musulmane asniéroise, le procureur de Nanterre n’a jusqu’à présent reçu ni plainte ni signalement.