Jack Dion, journaliste à Marianne, décortique la mise en scène de «La Conférence» de Christophe Pellet dont le texte critique tout ce qui relève de la France : son État, son esprit, son peuple, ses traditions, sa culture, sa gastronomie. Soit une version théâtrale de la philosophie d’Alain Badiou.
Un message subliminal passe sur la scène, où s’affichent les couleurs du drapeau tricolore honni: la France d’aujourd’hui n’est qu’un succédané de celle de Vichy et de la Collaboration.
Le texte, de la veine d’un Thomas Mann, est brillant. L’interprétation de Nordey est magistrale. (…)
Pourtant au fil des minutes, un malaise s’installe. Le propos glisse progressivement de la critique fine et pertinente du milieu théâtral à un rejet systématique, pervers, définitif de tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à la France, son histoire, ses traditions, sa culture, sa gastronomie, et bien sûr son peuple. Où l’on voit qu’une forme de critique qui se veut éclairée par les lumières de l’émancipation peut finir par allumer les lampions de la francophobie la plus éculée. (…)
On reste confondu devant une telle grille de lecture. Tout en se piquant d’une critique acerbe du capitalisme, Christophe Pellet dévale la pente de la «France moisie» chère à Philippe Sollers. On peut ainsi se réclamer de la nuit du 4 août, de la subversion anticapitaliste, et tomber dans les pires clichés de ceux qui exhalent une haine du peuple, forcément étroit, petit, mesquin, vulgaire, xénophobe, antisémite, raciste, j’en passe et des meilleures.
(Merci à Pierre)