Par Eberhardt Unger
L’année 2011 commence pour les marchés financiers et force est de constater que depuis la fin de la crise économique et financière, les États-Unis n’ont toujours pas apporté ne serait-ce qu’un début de solution à leurs multiples problèmes structurels, contrairement à ce que de nombreux hommes politiques claironnent un peu partout dans le monde.
En dépit d’une politique de taux zéro (ZIRP), des injections de liquidité par la Fed qui se chiffrent en dizaines de milliards (QE1 et QE2), le taux de chômage reste à un niveau élevé et le déficit de la balance du compte courant se creuse de jour en jour.
Le déficit budgétaire et les dettes publiques ont atteint des niveaux record.
Sur les marchés des changes le dollar américain se trouve certes, dans le contexte des problèmes d’endettement des pays périphériques de la zone euro, à égalité avec la monnaie européenne.
Cependant, d’un point de vue plus général, le dollar évalué par le commerce (à l’égard des monnaies les plus importantes), l’indice TWEX, se rapproche de son plus bas historique et pourrait même l’enfoncer dès cette année 2011.
La balance des paiements courants a atteint un déficit de 514 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre 2010. Le déficit du secteur public (État fédéral, États particuliers et communes) atteignait à la fin de l’année budgétaire (le 30 septembre 2010) 1.652 milliards, soit un total déficitaire de 21.000 milliards de dollars. Le déficit jumeau s’établit à 14,5% du PIB américain.
Chaque jour, c’est un déficit de 5,8 milliards de dollars qui doit être financé. Les besoins de refinancement en 2011 sont estimés à environ 30% du PIB américain, chiffre le plus élevé au monde, juste derrière le Japon.
Les dettes américaines continuent d’augmenter plus rapidement que le PIB. Le taux de chômage était de 9,8% à fin novembre, tout près de son plus haut historique. L’emploi dans l’industrie manufacturière n’a jamais été aussi bas depuis 1941. Une monnaie de réserve mondiale devrait s’appuyer sur une économie saine et reposant sur des bases solides.
Mais l’économie américaine stagne et c’est le pays le plus endetté du monde. La Fed a estimée, dans son « Flow of Funds Matrix of 2009 » le total du passif ou « total liabilities » des États-Unis à 114.4281 milliards de dollars. A titre de comparaison la valeur nominale du PIB américain est de 14.575 milliards. La dette ne pourra jamais être remboursée.
Conclusion : tous les investissements en dollar américain sont menacés de dévaluation. Certes, l’euro est aussi affecté, par les problèmes d’endettement des pays périphériques de la zone, mais la Commission européenne s’attend à une réduction des déficits budgétaires dans, au moins, 24 pays membres. Une telle volonté d’assainissement des budgets publics n’existe tout simplement pas aux États Unis. « La douce vie à crédit » ne peut que se terminer par une chute du dollar.