Horst Seehofer, le chef de la démocratie chrétienne bavaroise, veut stopper l’immigration arabe et turque. «Les étrangers viennent chez nous uniquement pour abuser de notre Etat social», selon trois Allemands sur dix, si l’on en croit une récente étude sur «le développement des idées d’extrême droite». Et Guido Westerwelle, ministre des Affaires étrangères et chef du Parti libéral, estime qu’il faut vérifier la contribution de chaque nouvel immigré à l’Allemagne, afin qu’il ne soit pas seul à profiter du voyage.
Autant de débats qui semblent dépassés à la lecture des dernières statistiques officielles. Elles révèlent qu’en 2008, pour la première fois depuis vingt-quatre ans, le nombre de personnes qui partent d’Allemagne a dépassé celui des nouveaux arrivants. Une tendance confirmée en 2009 avec 721 000 immigrants, contre 734 000 partants.
Contrairement aux craintes de Horst Seehofer et de Thilo Sarrazin, par ailleurs, les nouveaux arrivants viennent aujourd’hui d’Europe de l’est, et non de la Turquie ou du monde arabe. En 2009, 130 000 d’entre eux étaient originaires de Pologne, 56 000 de Roumanie, 29 000 de Bulgarie, 30 000 seulement venaient de Turquie, autant que des Etats-Unis.
«Le nombre des Turcs qui quittent l’Allemagne aujourd’hui est supérieur d’un tiers à celui de ceux qui y arrivent, souligne Memet Kilic, expert des Verts pour l’immigration. Un nombre croissant de jeunes très qualifiés ne trouvent plus la République fédérale attractive. Ils préfèrent les Etats-Unis, le Canada, ou Istanbul pour les jeunes turcs. Le sentiment du pays d’accueil à leur égard est aussi déterminant que les lois en vigueur ou le niveau des salaires.» […]