A quelques heures de son intervention, ce jeudi soir à Pessac (33), le recteur de la mosquée de Bordeaux Tareq Oubrou présente son point de vue sur la question des rapports entre l’islam et la République.
D’un côté, nous assistons à un affaiblissement des valeurs de la République. On voit partout que la laïcité est mise à mal par des crispations identitaires. D’un autre côté, la présence de l’islam en Occident est problématique. Doit-on le revendiquer ou nous adapter ? On voit bien que le port du foulard ou la pratique de la prière dans la rue gênent.
Depuis plusieurs années, je mène un travail sur la sécularisation de l’islam en Occident, militant pour une séparation des pratiques spirituelle et culturelle. Mais nous devons également redéfinir ce qu’est l’identité française, chamboulée dans le contexte de la mondialisation. Le travail à mener fait face à des conditions socioéconomiques qui ne sont pas propices à l’apaisement.
En France, on n’a pas pris au sérieux la présence musulmane qui est plus sociologique que religieuse à mon sens. Aujourd’hui, on récolte ainsi ce qu’on a semé dans les années 80. Mais ne nous trompons pas de menaces, ce n’est pas l’islam qui est dangereux mais la mondialisation avec des géants qui émergent comme la Chine ou l’Inde. Le problème est que l’ignorance engendre la peur. L’islam n’est pas contre la laïcité ou le catholicisme. Il faut à tout prix prôner l’apaisement, la justesse et la solidarité.
