Jacques Attali analyse la «révolution de jasmin» en Tunisie à la lumière des théories marxistes.
Rien n’était plus attendu que la révolution de jasmin. Rien n’était moins prévisible que la date de son déclenchement.
Tout le monde sait, en effet, au moins depuis 20 ans, que la démocratie est en marche dans le monde entier. Non par le jeu du politique, mais par l’économie de marché. Au moins en théorie : on sait en effet, au moins depuis l’analyse de l’histoire anglaise par Karl Marx, que le marché crée les conditions de la naissance de la démocratie. Parce qu’il crée une bourgeoise, qui a besoin de sécurité juridique et de liberté d’innovations. Sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, la théorie de l’auteur du Capital s’est révélée vraie. D’abord en Europe de l’Ouest, puis de l’Est, puis en Russie, en Amérique du Sud, dans une partie de l’Afrique et de l’Asie. (…)
Enfin, pour bien comprendre ce qui se joue dans chacun de ces pays, la France doit utiliser les formidables réseaux que représentent ici les diverses communautés d’immigrés (ils en savent beaucoup plus que les diplomates français sur ce qui passe dans leur pays d’origine) et, à l’étranger, les considérables communautés de Français. (Ils en savent, eux aussi, plus que les diplomates sur ce qui se déroule dans leur pays de résidence).