La visite du président chinois Hu Jintao aux Etats-Unis en ce début d’année 2011 se résume notamment par quelques contrats pour le pays hôte. 45 milliards de dollars de commandes industrielles à la clé. Reste que la Chine travaille à une amélioration de ses compétences technologiques, pour moins de dépendance. Voire plus !
La multiplicité des outils mis en place par une Chine désireuse d’accéder à des technologies étrangères et la volonté politique d’augmenter les moyens alloués à la R&D répondent à un objectif : devenir un leader dans les secteurs industriels de pointe en s’affranchissant d’une trop forte dépendance technologique.
Le leitmotiv chinois de l’innovation indépendante
La Chine aspire à être auto-suffisante en matière de développement technologique. Martelé quasi-quotidiennement par les gouvernants chinois et abondamment relayé par les médias, cet objectif n’est pas récent. Il fait son apparition en 2006 dans le “Plan à moyen et long terme de développement de la science et de la technologie” .
La Chine s’y fixe une échéance : jouer un rôle de leader dans les industries de pointe dès 2020. Dès lors, l’ “innovation indépendante” (en chinois “zizhu chuangxin” ) devient le maître mot.
Le vaste chantier de la remise à niveau en R&D
Si la part du PIB consacré à la R&D est encore relativement faible par rapport aux pays de l’OCDE, les objectifs affichés sont de relever ce ratio de 1,7% actuellement à 2,5% à horizon 2020.
Récemment la Chine semble avoir passé la vitesse supérieure, lançant en juin 2010 une vaste campagne d’identification de “talents” chinois. Equipements, IT [« Information Technology »], biotechnologie, nouveaux matériaux, aéronautique et astronautique, océanographie, protection de l’environnement, ressources énergétiques, technologies agricoles, transports sont quelques uns des secteurs prioritaires pour ce plan qui concernerait plus de 5 millions de personnes d’ici 2020.
L’acquisition de technologies et savoir-faire étrangers : une stratégie aux multiples visages
L’acquisition de technologies étrangères se notamment fait via des joint venture sino-étrangères et des demandes de formation technico-industrielle à l’occasion de la signature d’un contrat. Elle est souvent l’enjeu de coopérations scientifiques et technologiques bilatérales ou de projets de recherche internationaux.
Elle donne lieu à des politiques d’attraction des centres de R&D étrangers ou des politiques visant à favoriser le retour des “cerveaux” chinois expatriés et la venue d’experts étrangers. Ainsi le recrutement récent du Pr. Luc Montagnier, prix Nobel de médecine 2008, par l’université Jiaotong de Shanghai illustre bien la façon dont la Chine peut tirer parti d’un sentiment de manque de reconnaissance des élites scientifiques françaises.
Plus récemment, le recours au rachat ou à la prise de participation dans des sociétés étrangères s’intensifie. Les exemples ne manquent pas : les moteurs Baudouin repris par le chinois Weichai, le rachat de Volvo Automobile par Geely – le premier constructeur automobile privé chinois – ou encore le rachat de la société autrichienne FACC, spécialisée dans les matériaux composites, par le géant de l’aéronautique chinoise AVIC…
Notons toutefois que cette stratégie échoue régulièrement devant le barrage des Etats concernés, lorsqu’il s’agit de secteurs trop stratégiques ou sensibles.
Quant aux pratiques de reverse engineering (acquisition et ré-appropriation de technologies étrangères) ou de creative adaptation (“amélioration” de technologies étrangères existantes), si elles sont contestables, elles ont été mises en œuvre dans nombre d’autres pays.
Finalement, si spécificité chinoise il y a, elle réside davantage dans la multiplication de mesures et de moyens légaux conçus pour favoriser les occasions de capter de nouvelles technologies et optimiser – au bénéfice de la partie chinoise – toute interaction avec les entreprises étrangères.