Après l’annulation par la direction de l’Ecole normale supérieure (ENS) d’une conférence de Stéphane Hessel, partisan d’un boycottage d’Israël, et vu le rôle que le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a joué dans cette affaire, le travail de Samuel Ghiles-Meilhac sur l’histoire de cette institution tombe particulièrement bien.
Cette étude est en effet sous-tendue par une question rendue brûlante par l’épisode de l’ENS : le CRIF fonctionne-t-il désormais comme un “lobby” sur le modèle des groupes d’intérêt américains ? Outre-Atlantique, ceux-ci exercent – tout à fait légalement – des pressions sur la représentation au seul profit des communautés dont ils sont l’émanation. Le rôle du CRIF est-il semblable ? La réponse du sociologue, proche de Michel Wieviorka, est tout en nuance.
Si l’on compare les moyens dont disposent les organisations juives américaines, leur capacité à peser sur un Congrès qui a son mot à dire sur la politique étrangère de Washington, le CRIF, avec ses faibles ressources, fait piètre figure. Celui-ci ne peut en effet guère compter que sur les bonnes relations, politiques ou personnelles, qu’il entretient avec des proches d’un pouvoir centralisé. […]