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Les Français continuent décidément d’être très fâchés avec la mondialisation. C’est ce qui ressort du sondage exclusif réalisé par l’Ifop dans dix pays pour La Croix, alors que s’est ouvert mercredi 26 janvier le 41e Forum économique mondial de Davos. Économie libérale, ouverture des échanges, capacité à sortir de la crise : rien ne trouve grâce aux yeux des Français.

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Ils sont les plus nombreux (33 %) à juger qu’il faut désormais abandonner le système capitaliste, contre… 3 % des Chinois, officiellement communistes. Les deux tiers de ces derniers (65 %) considèrent qu’il faut conserver ce système « qui fonctionne plutôt bien », soit la plus forte proportion de l’étude, contre 15 % des Français (la plus faible).

L’enquête de l’Ifop montre à quel point le fossé se creuse entre les opinions des vieux pays industrialisés et celles des pays émergents, comme la Chine et le Brésil. Au sein même de l’Europe pourtant, les clivages sont importants, entre les zones où l’économie repart (Allemagne, Pays-Bas, Pologne) et ceux qui restent encalminés dans le chômage de masse et les déficits publics élevés (France et Italie).

Ainsi, seulement 21 % des Allemands ont encore le sentiment d’être « en pleine crise » (ils étaient encore 35 % en septembre dernier), contre 53 % des Français et 58 % des Italiens. « Le redécollage économique de l’Allemagne est un fait désormais clairement ressenti, alors que chez nous, on ne note toujours pas d’évolution en ce sens », résume Jérôme Fourquet, le directeur adjoint des études de l’Ifop.

Les Français ont parfaitement conscience de leur retard

Résultat, si les Australiens sont les plus nombreux à juger que leur pays est bien placé pour faire face à la compétition mondiale (79 %), ils sont talonnés par les Allemands (77 %). Les Français sont en queue de peloton (34 %), juste après les Italiens (40 %).
« C’est sans doute un des points les plus importants du sondage. Les Français ont désormais parfaitement conscience de leur retard. Le gouvernement s’est appuyé là-dessus lors du débat sur les retraites. Et la nécessité de le combler devrait être au centre des débats de la présidentielle de 2012 », estime Jérôme Fourquet.

La crise financière a laissé des traces au sein des populations et le sondage révèle des surprises. Aux États-Unis, 52 % des personnes interrogées ont encore le sentiment d’être « en pleine crise » et 46 % en Grande-Bretagne.

Surtout, les Américains ne sont que 35 % – autant que les Italiens et à peine plus que les Français – à considérer que leur pays est bien placé dans la compétition mondiale. Et seulement 39 % d’entre eux considèrent que « le développement des échanges commerciaux internationaux » est une bonne chose. Le mouvement de désindustrialisation observé ces dernières années aux États-Unis, ajouté à l’ampleur des déficits commerciaux, explique sans doute en grande partie ce sentiment.

Demande très forte pour plus de réglementation

« Même s’ils continuent majoritairement de croire aux vertus de l’économie de marché, les Américains semblent aussi pessimistes que les Français sur de nombreux points. Par cet aspect, nous sommes plus proches d’eux que des Allemands », souligne Jérôme Fourquet.Une position unanime semble malgré tout dominer. Partout, une majorité de l’opinion juge fortement probable qu’une nouvelle crise économique éclatera dans les prochaines années. C’est le cas pour neuf Français sur dix, les trois quarts des Chinois et les deux tiers des Néerlandais.

Corollaire de ce sentiment, il y a désormais une demande très forte pour plus de réglementation. Qu’il s’agisse d’obliger les entreprises qui délocalisent à rembourser les aides publiques qu’elles ont touchées (92 % des Français sont pour, 87 % des Allemands et 73 % des Américains), de taxer des produits provenant de pays pratiquant un dumping social, fiscal et environnemental, ou encore de lutter contre les OPA hostiles.

« Le clivage entre les élites et les populations est désormais assez net sur ces sujets. Il y a une vraie attente des populations pour la mise en place de nouvelles règles du jeu, voire d’un peu de protectionnisme », souligne le directeur adjoint des études de l’Ifop.

La Croix

(Merci à SPOILER & à nouveausurfdesouche)

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