Fdesouche

Du train où vont les choses, en 2020, les rentrées fiscales aux États-Unis ne représenteront plus qu’un quart des dépenses de l’État fédéral ; en 2025, les recettes ne permettront plus de couvrir qu’un seul poste budgétaire : le service de la dette, le versement des intérêts sur la dette publique.

Une telle situation étant ingérable, il faudra bien entendu prendre des mesures drastiques bien avant. Une échéance interviendra d’ailleurs d’ici deux à trois mois : avec un déficit près de 10 fois plus élevé que celui de la France (1.300 milliards de dollars en 2010 contre environ 100 milliards d’euros), la dette publique américaine atteindra le plafond de 14.300 milliards de dollars fixé par le Congrès, en avril ou au plus tard au début mai 2011.

Les démocrates s’efforceront de faire voter une hausse de ce seuil, les républicains ont promis de s’y opposer. Si un accord ne peut pas être obtenu, les États-Unis feront défaut sur leur dette.

Une commission bipartisane, créée par le président Obama, la National Commission on Fiscal Responsibility and Reform, a proposé en décembre dernier un ensemble de mesures qui pourraient permettre de retrouver un équilibre en 2015 ; elles comprennent en particulier une réduction de l’aide médicale aux retraités, la taxation du carburant et une réduction de la défiscalisation sacro-sainte des versements d’intérêts.

Des mesures envisagées un moment comme l’introduction de la TVA (inexistante aux États-Unis) ou d’une taxe-carbone ont été rejetées à la suite d’un véto de la Chambre de Commerce.

Une victime toute désignée des mesures envisagées : la fin des États-Unis comme superpuissance militaire et de leur fonction de gendarme du monde.

Aucune majorité parlementaire ne peut cependant être réunie pour voter les mesures proposées par la commission, ce qui a conduit l’agence de notation Moody’s à lancer un avertissement qu’une dégradation de la note de risque de crédit des États-Unis était envisageable ; la nouvelle majorité républicaine au Congrès a conduit à l’extension des exonérations d’impôt pour les plus riches introduites par le président Bush, aggravant encore le déficit.

En décembre, le président Obama a introduit un moratoire gelant pour deux ans le salaire des fonctionnaires. Les États et les administrations locales licencient (près d’1/2 million de postes de fonctionnaires ont été perdus depuis août 2010 au niveau local), gèlent ou réduisent le salaire de leurs fonctionnaires (–10% en Californie) et relèvent les taux d’impôts locaux, provoquant du coup une fuite des entreprises et des particuliers vers les États moins endettées.

Certains réclament le vote d’une loi permettant aux États et aux municipalités de faire faillite et de restructurer leur dette (seul le Vermont a le droit jusqu’ici de présenter un budget déficitaire).

La Grèce n’est pas seulement en Europe, dit-on aux États-Unis : elle est ici aussi.

Ce texte est un « article presslib’ ». Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

Paul Jorion

Fdesouche sur les réseaux sociaux