Au championnat du monde, en Suède, un petit black d’Ivry, de la banlieue Sud de Paris, fait tourner en bourrique les grands blonds et les armoires à glace scandinaves. Luc Abalo, ailier de l’équipe de France de hand, est un génie de la petite balle, créant, avec son corps, des arabesques inédites.
Cheveux courts, look de rebelle, Erika, 21 ans, joue au handball et avoue avoir eu un flash. Elle montre les photos sur son portable : apparaît la bouille ronde de Luc Abalo, le fantasque ailier droit de l’équipe de France. « C’est la première fois que je vois, pour de vrai, un noir jouer ce sport. Et avec lui, ça devient autre chose. »
Sport inventé par un Allemand, canonisé par les Scandinaves, utilisé chez nous par le régime de Vichy durant l’Occupation, récupéré pour la gloire des pays de l’Est, le handball est un mélange d’organisation germanique, de rigueur nordique et d’éducation par la sueur dont raffolent toujours les profs de gym. La France, qui le domine aujourd’hui chez les hommes, l’a enrichi d’un métissage inédit avec ses blacks. Qui viennent des Antilles (Dinart, Sorhaindo) ou d’Afrique (Karaboué, Abalo, Bingo).
Entraîneur adjoint de l’équipe de France, le Sarthois Sylvain Nouet pointe la raison pour laquelle le hand pur et dur fait pâle figure devant Abalo. « Toutes les autres équipes sont mono-culturelles. Des clones de grands blonds. Luc se régale à leur faire perdre leur jeu et leur latin.