Tribune libre de Paysan Savoyard
L’INSEE vient de publier le bilan démographique de la France pour 2010 (voir INSEE). L’organisme met en avant le nombre record des naissances, 828 000 (797 000 en métropole), qui reflète la forte fécondité des Françaises (2,01 enfants par femme), très supérieure à la moyenne européenne (1,6). Cette fécondité élevée permet à la population française d’atteindre 65,8 millions d’habitants (63,1 pour la métropole).
Voulant sans doute répondre par avance aux discours « xénophobes », l’INSEE affirme que l’augmentation de la population est avant tout liée au dynamisme de la natalité, le solde migratoire ne jouant qu’un rôle mineur : les médias ont bien entendu largement fait écho à cette information politiquement conforme.
La réalité, nous nous proposons de le montrer, est exactement inverse de celle que l’INSEE s’attache à décrire. La forte augmentation de la population est intégralement due à l’immigration, sous l’effet des deux phénomènes suivants : les flux migratoires à destination de la France restent considérables ; les femmes originaires de l’immigration ont un nombre d’enfants très supérieur à celui des Françaises de souche (la fécondité de ces dernières étant probablement du même ordre que ce qu’elle est en Allemagne ou en Italie). »
Pour cacher la réalité et abuser l’électorat, l’INSEE, comme nous allons le voir, répondant aux vœux des gouvernements qui se succèdent, manipule et déforme depuis des décennies les chiffres et les concepts :
L’INSEE camoufle le nombre des immigrés qui s’établissent chaque année dans notre pays
L’INSEE affirme que le « solde migratoire » atteint en 2010 n’est que de 75 000. Pour aboutir à ce chiffre, l’institut a additionné le nombre des personnes qui en 2010 sont venues s’installer en France et a soustrait le nombre de celles qui, y résidant jusque-là, sont parties s’installer à l’étranger. L’accroissement de la population ayant été en 2010 de 358 000, il est donc pour l’essentiel « naturel » (l’excédent des naissances sur les décès a été de 283 000), le solde migratoire n’en représentant que le cinquième. Au vu des données publiées par l’INSEE, le discours de ceux qui dénoncent l’ampleur de l’immigration constitue donc un pur phantasme : l’accroissement de population est bien dû à la fécondité appréciable des Françaises.
Or le « solde migratoire » présenté par l’INSEE constitue une manipulation malhonnête du concept d’immigration : il porte en effet sur l’ensemble des personnes qui quittent ou s’installent, de façon légale, sur le territoire et inclut donc aussi bien les mouvements migratoires légaux des Africains et des Maghrébins que ceux des Anglais… ou des Français. Par exemple un Français qui part s’installer à Londres réduit le solde migratoire, tandis qu’un Français qui revient en France à l’issue d’un séjour en expatriation l’augmente.
Contrairement à ce qu’ont pensé la plupart des journalistes, incompétents ou malhonnêtes, qui ont commenté le document de l’INSEE, le chiffre de 75 000 ne représente donc nullement le nombre des immigrés non européens supplémentaires qui se sont installés légalement en France en 2010. Pour connaître ce dernier chiffre, il faut se référer aux données qu’un autre organisme officiel, l’INED, publie discrètement au détour d’une des pages de ses épaisses publications confidentielles. Selon l’INED, le nombre des immigrés non européens qui se sont installés légalement en France en 2008 (dernière année pour laquelle les chiffres sont disponibles) a été de 156 000.
(http://www.ined.fr/fr/ressources_documentation/publications/population/bdd/publication/1524/ (page 457).
A ce chiffre de 156 000, il faut ajouter les entrées illégales, lesquelles bien entendu ne font pas l’objet d’un chiffrage officiel (nous les évaluons pour notre part à un niveau compris entre 30 000 et 100 000 par an). Quant aux naissances d’enfants dont l’un des parents au moins est originaire de l’immigration non européenne, nous les estimons à au moins 250 000 par an (soit 30 % des naissances).
En additionnant le nombre des naissances, celui des entrées légales et illégales et en déduisant les décès et les départs, nous évaluons l’augmentation du nombre des immigrés non européens en métropole à au moins 400 000 par an (voir la Tribune parue sur FDesouche le 13/09/09).
Les flux migratoires réels n’ont donc rien à voir avec le pseudo « solde migratoire » pour gogos affiché par l’INSEE.
L’INSEE dissimule tout aussi soigneusement le nombre total des immigrés installés en France
L’organisme officiel calcule le nombre des immigrés qui sont présents en France et affirme que ces immigrés sont un peu plus de 5 millions. (http://www.insee.fr/fr/ffc/tef/tef2010/tef2010.pdf) voir pages 41 et 214)
Selon l’INSEE, ces immigrés contribuent certes à la forte natalité française, mais de façon marginale : s’ils n’étaient pas là, la fécondité ne serait pas de 2,1 mais de 1,9, soit un niveau toujours élevé et très supérieur à la moyenne européenne. CQFD : les naissances sont avant tout le fait des Françaises, ainsi que l’illustre la « Une » du Figaro du 19 janvier 2011, qui présente les portraits de 9 bébés de l’année, tous de type européen.
Il se trouve que les chiffres de l’INSEE sont là encore le fruit d’une manipulation, sous la forme cette fois d’un (gros) mensonge par omission. L’INSEE considère en effet que sont immigrées les personnes qui, résidant en France, sont « nées étrangères à l’étranger » (qu’elles aient ou non acquis par la suite la nationalité française). Les personnes qui sont originaires de l’immigration mais qui sont nées en France ne sont donc pas comptabilisées. Nous estimons leur nombre à au moins 7 millions (l’immigration non européenne ayant commencé dans les années 60 et étant devenue massive à partir des années 70 ; naissent désormais des immigrés qui appartiennent à la troisième génération née en France).
Le chiffre qui correspond à la réalité de l’immigration (extra européenne) présente en France n’est donc pas de 5 millions mais d’au moins 12 millions (soit 20 % de la population métropolitaine).
Pour approcher la vérité, il n’est pas nécessaire au demeurant de se plonger dans les arcanes des institutions chargées des statistiques : il suffit de parcourir les couloirs d’une maternité, de consulter les listes des naissances des bulletins municipaux, de s’attarder devant une école à l’heure de la sortie des classes ou de rechercher le classement des prénoms les plus fréquemment attribués (Voir par exemple cet article http://www.bienpublic.com/fr/permalien/article/3243169/Des-meres-meritantes-medaillees.html).
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Les médias ont ces dernières semaines relevé cette bizarrerie. Les Français sont les champions de la natalité européenne, laissant ainsi penser qu’ils nourrissent en l’avenir une immarcescible confiance.
Pourtant un sondage réalisé dans 57 pays vient de montrer que, tout au contraire, les Français sont, sans ex aequo, les plus pessimistes de la liste (voir Le Point du 04/01/11 http://www.lepoint.fr/societe/sondage-les-francais-champions-du-monde-du-pessimisme-04-01-2011-126436_23.php). Et les médias de s’interroger, en toute incompétence, sur la signification de ce paradoxe…
L’explication est simple : il n’y aucun paradoxe. Les enfants, en France, ce sont avant tout les immigrés qui les font. Et si les Français sont pessimistes, c’est qu’ils le savent.
Compte-tenu des flux migratoires et de la situation de la natalité, les Français de souche européenne seront, si rien ne change, minoritaires dans leur propre pays bien avant la fin du siècle. Ils en ont sans doute pour la plupart confusément conscience, même lorsqu’ils ne se décident pas à voter pour le seul parti politique se proposant d’arrêter l’immigration (là réside d’ailleurs le paradoxe véritable, celui-là bien difficile à démêler).
Le pessimisme des Français s’alimente également des craintes qu’ils ne peuvent qu’éprouver concernant l’état de la sécurité sociale, celui des services publics, l’ampleur du chômage ou des délocalisations.
Les immigrés arrivent et les emplois s’en vont : il serait tout de même étonnant, dans un tel contexte, que les Français, certes spectaculairement avachis, poussent la bêtise et la lâcheté au point de se déclarer optimistes.