Le marché français du halal connaît une croissance annuelle de 10% et pèse à présent plus lourd que celui du bio. De quoi conforter les industriels bretons, parmi les premiers à avoir investi ce créneau.
De nouveaux rayons dans les supermarchés, des épiceries qui se spécialisent, une demande en pleine explosion… Le marché du halal (1) ne connaît plus de limites et émerge comme style de vie. De nouvelles entreprises se penchent chaque mois sur ce juteux marché qui toucherait 1,6 milliard de musulmans dans le monde. La Bretagne et ses puissantes entreprises agroalimentaires ne pouvaient laisser filer le phénomène halal.
«Depuis 40 ans»
Pour un poids lourd de la volaille comme Doux, ce marché est un débouché… identifié comme tel depuis un moment: «Cela fait 40 ans qu’on s’y est mis», sourit François Le Fort, directeur industriel du groupe Doux qui exporte plus de 170.000 tonnes de viande certifiée halal chaque année vers les pays du Golfe. Dans le sillon des «gros», tout le monde s’y met: les exportations bretonnes représentent aujourd’hui 210 M€ (8,16% des exportations bretonnes) vers les pays musulmans[…].
Des hôtels halal
Le filon est loin d’être épuisé, puisque le label halal touche presque tous les produits agroalimentaires… mais pas seulement, comme l’explique Mohamed Benjouad, dirigeant de RCF Bretagne, société d’accompagnement à l’international à destination des pays arabo-musulmans: «il peut également concerner les produits pharmaceutiques, les cosmétiques ou même les services». Des entreprises de transports (qui n’embarquent pas de porc ou d’alcool), mais aussi des chaînes d’hôtels (avec notamment des piscines qui écartent la mixité) se sont lancées dans les pays musulmans et lorgnent sur l’Europe. L’Angleterre devrait bientôt ouvrir son premier hôtel halal. En Bretagne et en France, reste un frein majeur au développement du marché: la certification, dont trois puissants organismes en France (en région parisienne et à Lyon) se partagent le monopole. «Cela reste un problème. Cela fait des années qu’on attendque la France adopte des normes internationales», confirme Mohamed Benjouad.
(1) halal: «licite» pour un consommateur musulman, selon les préceptes religieux. (2) Le marché mondial des produits halal est estimé à 457milliards d’euros en 2010.