La hausse des matières premières agricoles va être répercutée dès à présent sur les prix alimentaires. « C’était inévitable ». La hausse des matières premières agricoles depuis l’été dernier va faire valser les étiquettes dans les rayons. La grande distribution parle de hausses moyennes de 2%.
«Il y aura nécessairement une répercussion de l’augmentation des prix des produits agricoles sur les prix alimentaires. Je ne prends personne par surprise, cela fait déjà plusieurs semaines que je le dis», avertit le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, à l’issue d’une table ronde qui a réuni tôt mercredi matin une vingtaine de représentants de la chaîne alimentaire : producteurs, industriels et distributeurs.
En aval, il en va de la survie des éleveurs dont la hausse du prix des céréales qui servent de base à l’alimentation animale a renchéri les coûts de productions de 40%. «Si leur prix de vente n’augmente pas, ce sont des milliers d’exploitants agricoles qui vont disparaître en France», a averti Bruno Le Maire.
L’objet de la réunion à laquelle participait aussi le secrétaire d’État à la Consommation, Frédéric Lefebvre, portait sur la répercussion de la hausse des produis agricoles sur tous les maillons de la chaîne. «Notre objectif avec Frédéric Lefebvre est de trouver un juste équilibre entre la nécessaire rémunération des producteurs agricoles et la défense du pouvoir d’achat des consommateurs», poursuit Bruno Le Maire.
Dans l’immédiat, en amont, la viande va subir une hausse des prix dans les grandes surfaces. «Les distributeurs ont accepté de répercuter immédiatement cette hausse sur les prix de vente de la viande porcine, volaille ou bovine», a indiqué Bruno Le Maire. Mais attention aux débordements.
L’observatoire des prix et des marges veillera à que cette augmentation traduise exclusivement le coût des matières premières agricoles et qu’il n’y ait pas d’effet d’aubaine. C’est par exemple le cas du prix du pain : il n’y a pas de raison que le prix de la baguette augmente de façon spectaculaire alors que la part du prix du blé n’est pas la part la plus importante du coût de la baguette.
Toutefois, «la négociation des prix est libre», a martelé Frédéric Lefebvre, qui a refusé d’indiquer dans quelle proportion les prix des produits allaient augmenter pour le consommateur. Ce dernier a cependant brandi la menace de l’arme réglementaire si la grande distribution ou les industriels ne jouent pas le jeu. L’article L 442-9 du code du Commerce permet en effet de mettre en cause la responsabilité civile de tout acheteur qui exige de son fournisseur des prix de cession abusivement bas en situation de forte hausse des cours de matières premières agricoles.
«Nous sommes dans cette situation aujourd’hui. Il permet au ministre chargé de la consommation d’assigner le contrevenant à une amende pouvant aller jusqu’à deux millions d’euros», ajoute Frédéric Lefebvre. Une autre table ronde aura lieu d’ici le mois de mars pour dresser un état des lieux. La grande distribution parle de hausses moyennes de 2%.