Pascal Ory, professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne (Paris-I), a dirigé un ouvrage collectif, Les Etrangers qui ont fait la France. Il explique pourquoi il accepté de faire partie du Comité d’orientation scientifique de la Maison de l’histoire de France.
Il est possible que la France soit «finie» : ce qui est né mourra, non ? Mais est-ce une fin ou une simple finitude ? Si la Maison réussissait à dépasser le stade des fondations, elle pourrait servir à répondre à cette intéressante question.
Je suis de ceux que la question de l’ «identité nationale» (qu’elle soit française, allemande, israélienne, palestinienne…) préoccupe. En termes scientifiques, je ne m’y intéresse que depuis un peu plus de trente-cinq ans […]
D’un côté, il s’agit de rappeler que la France, ce sont des Français. Des personnalités, mais aussi des groupes sociaux : des hommes mais aussi des femmes, des paysans mais aussi des ouvriers, des catholiques mais aussi des laïques, des métropolitains mais aussi des colonisés, des autochtones mais aussi des immigrés, etc.
De l’autre, il faut être clair : pour un culturaliste comme moi, la nation est, bien entendu, une construction ; mais à la condition d’ajouter que, par définition, «ça a marché» – et, à l’oeil nu, ça continue de marcher, au moins jusqu’à ce matin ; du coup, le travail de l’historien n’est pas seulement de démonter la machine mais d’analyser comment (voire pourquoi) elle fonctionne encore. […]