Les moyennes masquent les réalités sociales et le grand écart entre une France qui sourit, épargnée par le chômage, protégée de la crise, et une France en grande souffrance, enkystée dans les difficultés sociales. Une géographie du chômage qui dessine un territoire fracturé avec des taux de chômage qui varient du simple au triple entre les zones d’emploi les plus dynamiques et les territoires de relégation.
La France qui sourit
Dans le paysage hexagonal, dépressif, où les angoisses favorisent toutes les crispations, il continue d’exister une France protégée du chômage, notamment en Ile-de-France, en Alsace, en Bretagne, dans le Limousin ou les Pays de la Loire. Des territoires où le nombre de chômeurs reste inférieur à 7%, avec parfois même des taux proches de celui du plein emploi.
Bienvenue à Orsay ou en Lozère, les zones d’emploi championnes de France, avec seulement 4,9% de taux de chômage au troisième trimestre 2010. Bienvenue dans les bassins de Versailles, Rodez, Mauriac, Vitré, Saint-Flour ou Roissy-en-France, territoires qui flirtent avec les 5% de chômeurs, moitié moins que la moyenne nationale (9,3%) fin 2010.
“Il y a de fortes dimensions structurelles dans la géographie du taux de chômage, explique Bernard Morel, chef de l’action régionale à l’Insee. La crise depuis 2008 n’a pas fondamentalement modifié la situation, avec des territoires qui s’en sortent toujours beaucoup mieux que d’autres.“
La France qui pleure
La France qui souffre, celle qui subit les taux de chômage les plus élevés, prend racine dans le Nord, touche les campagnes de Picardie et de Champagne-Ardennes, frappe les villes moyennes du Languedoc-Roussillon et de la région PACA. Les situations les plus critiques de métropole ? Dans la zone d’emploi du Sambre-Avesnois (Nord) où le taux de chômage atteignait 17,1% fin 2010 selon les statistiques de l’Insee, contre 9,3% en moyenne nationale. Dans le Calaisis (16,2%). Autour de Saint-Quentin (15%). A Roubaix et Tourcoing (14,9%) ou dans le bassin minier de Lens (14,8%).
Mais le chômage massif frappe aussi des territoires moins visibles, moins connus pour l’ampleur de la souffrance sociale. Le soleil de Béziers ? 14,9% de chômeurs. Alès-La Grand Combe ? 14,5%. Ganges-Le Vigan, dans l’Hérault ? 14,2%. Des territoires spécialisés dans des industries particulièrement fragiles, comme la métallurgie ou le textile. Des zones d’emploi qui ont pris de plein fouet l’effondrement du tissu industriel, national ou local. Là où la crise de 2008 et 2009 a prolongé des années de souffrance économique.
(Merci à Luc)