Il faut avoir le coeur solide pour travailler au pavillon de Cité-des-Prairies, où sont enfermés les délinquants les plus dangereux du Centre jeunesse de Montréal. Adolescents, ils ont forcé des filles à se prostituer, commis des agressions sauvages, des viols, et parfois même des meurtres.
Les jeunes placés en centre de réadaptation sont fragiles, manquent d’affection, sont vulnérables et souvent révoltés. Les personnes en autorité doivent faire attention de ne pas abuser d’eux», a écrit un juge pour justifier l’emprisonnement d’une éducatrice.
Cela n’empêche pas certaines éducatrices de s’en amouracher. En 2007, l’un de ces garçons, membre bien connu d’un gang de rue, a séduit une intervenante de 21 ans. Dès qu’il a retrouvé sa liberté, elle a démissionné pour partir vivre avec lui. Ses anciens collègues sont convaincus que leur aventure a débuté dans l’unité, ou lors des congés provisoires du jeune homme. Certains jurent le contraire. Quoi qu’il en soit, la jeune femme – décrite comme «une fille de bonne famille» – a eu un bébé avec le garçon, qui a abouti peu après en prison.[…]
Comment l’expliquer? «Avec une éducatrice de 20 ou 21 ans qui parraine des jeunes délinquants ayant pratiquement le même âge, ça se peut que, la nature étant ce qu’elle est, elles tombent sous leur charme», répond Géhane Kamel, coordonnatrice aux relations de travail en sécurité et conditions de travail au Centre jeunesse de Montréal. «Ça arrive beaucoup à Cité-des-Prairies, parce que nos gars ne sont pas là pour rien. Ce sont de bons manipulateurs et de bons enjôleurs», souligne-t-elle.[…]
(merci à St Laurent )