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Le scénario était pourtant simple: le travail pendant une quarantaine d’années pour en arriver en fin de parcours à la retraite. Question d’assurer un certain revenu minimal durant ses vieux jours, la plupart des travailleurs ont dû cotiser pendant toute leur vie à un fonds de pension. Jusque-là, ça va. Le hic, cependant, c’est que les travailleurs qui arriveraient normalement à leur retraite risquent d’y parvenir les mains vides.

Les fonds de pension disparaissent plus vite que neige au soleil alors des hordes de nouveaux retraités arrivent à la caisse pour réclamer leur dû. À partir du 1er janvier 2011,  plus de 10.000 Baby Boomers vont quotidiennement atteindre l’âge de la retraite de 65 ans. Cela continuera de se produire à chaque jour pour les 19 prochaines années.

Les nouveaux retraités américains seront, selon toute apparence, les plus touchés par la disparition des fonds de pension. Lorsqu’ils réaliseront qu’ils ont travaillé toute leur vie pour constater qu’il ne reste plus d’argent dans leur fonds de pension, il y a lieu de se demander quelle sera leur réaction. Une chose est certaine, cela sera un thème dominant en 2011.

Ici, au Québec, lorsque la Caisse de dépôts et de placements a perdu autour de $40 milliards du bas de laine des travailleurs québécois, ces derniers se sont insurgés, le gouvernement du Québec a dû démissionner, vu la taille du scandale et les têtes dirigeantes de la Caisse ont pris le chemin de la prison.

Vrai ? Faux ! En fait, le gouvernement est resté au pouvoir sans être inquiété, les directeurs de la Caisse ont reçu des bonus et de beaux emplois bien rémunérés ailleurs dans le secteur privé et chez Power Corporation du clan Desmarais. Le peuple a continué son petit bonhomme de chemin sans trop broncher, amputé de 40 milliards de dollars dans son fonds de pension collectif. Fantastique. Il semble que les Islandais, les Grecques, les Français et les Tunisiens aient plus de colonnes vertébrales que nous. Mais la partie n’est pas terminée ; elle ne fait que commencer.

Comment réagiront nos voisins du sud ?

Voici les dix [principales] villes américaines qui manqueront d’argent pour verser leurs fonds de pension :

  • 1/ Philadelphie – Passif non capitalisé de 9 milliards de dollars, soit l’équivalent de $16.696  par ménage, seulement 4 ans avant que les comptes de retraite soient vides
  • 2/ Chicago – Passif non capitalisé de 44,8 milliards de dollars, $41.966 par ménage, il n’y aura plus d’argent dans 7 ans
  • 3/ Boston – Passif non capitalisé de 7,5 milliards de dollars, $30.901 par ménage, il n’y aura plus d’argent dans 7 ans
  • 4/ Cincinnati – Passif non capitalisé de 2 milliards de dollars, $ 15.681 par ménage, il n’y aura plus d’argent dans 8 ans
  • 5/ St Paul – Passif non capitalisé de 1,4 milliard de dollars, $13.686 par ménage, il n’y aura plus d’argent dans 8 ans
  • 6/ Jacksonville – Passif non capitalisé de 4 milliards de dollars, $12.944 par ménage, il n’y aura plus d’argent dans 8 ans
  • 7/ New York City – Passif non capitalisé de 122 milliards de dollars, $38.866 par ménage, il n’y aura plus d’argent dans 9 ans
  • 8/ Baltimore – Passif non capitalisé de 3,7 milliards de dollars, $15.420 par ménage, il n’y aura plus d’argent dans 10 ans
  • 9/ Detroit – Passif non capitalisé de 6,4 milliards de dollars, $18.643 par ménage, il n’y aura plus d’argent dans 11 ans
  • 10/ Fort Worth – Passif non capitalisé de 2 milliards de dollars, $7.212 par ménage, il n’y aura plus d’argent dans 11 ans

Une analyse indépendante effectuée par Standford de trois importants fonds de pension en Californie a fait état de déficits cachés de l’ordre de 500 milliards de dollars, un total étant plusieurs fois les montants déclarés par ces fonds de pension.

New York doit 200 milliards de dollars en coûts de soins de santé des retraités, mais il n’y a pas d’argent. L’État de New York, avec ses villes et comtés, ont promis 200 milliards de dollars en prestations de soins de santé à leurs employés à la retraite, mais personne ne sait d’où cet argent viendra, d’après une étude réalisée par le Empire Center for New York State Policy.

Les fonds de pension publics des travailleurs du New Jersey se font voler pendant 15 ans par des gouverneurs. Le jeu a démarré en 1995 avec Christine Todd Whitman et la fraude des fonds de pension publics sévit toujours dans le New Jersey. Plus de 50 milliards en passif non capitalisé.

Bref, après une analyse des 25 principaux fonds de pension américains par Orin Kramer, une figure influente du Parti démocrate et toujours membre du conseil d’investissement qui supervise le fonds de pension du New Jersey, il se trouve qu’il manque 2.500 milliards de dollars dans ces fonds. Un énorme déficit causé par des années de mauvaise gestion, incluant un sous-financement chronique des retraites promises. Cela aura pour effet de forcer les États et gouvernements locaux de vendre leurs avoirs, donc privatisation de l’État, et d’effectuer de profondes coupures dans leurs dépenses publiques. Par exemple, les écoles publiques de Detroit pourraient fermer la moitié de leurs écoles au cours des prochaines deux années et augmenter la taille des classes à 62 étudiants dans le but de réduire leur déficit.

Les États-Unis et le Canada ne sont pas les seuls à devoir faire face à une crise majeure du financement des fonds de retraite. En Europe, les fonds de pension commencent à se faire confisquer. Le Christian Science Monitor a publié ce rapport alarmant: « Les épargnes-retraites du peuple sont une source commode de revenus pour les gouvernements qui ne veulent pas de réduire les dépenses ou privatiser… ». L’article poursuit en nommant d’autres régimes de retraite qui sont saisis en Bulgarie, Pologne, France et en Irlande. De toute évidence, il s’agit d’une mise en garde pour l’Amérique:  l’austérité budgétaire sera aussi proposée comme solution-miracle par un autre gouvernement qui a pour habitude de ne prendre soin que de lui-même.

Pendant ce temps, les personnes âgées font face à [une perspective] de retraite des plus sombres, alors que les coûts de la vie ne cessent d’augmenter et que les fonds de pension diminuent ou disparaissent. Comme le faisait remarquer l’animatrice Contessa Brewer de MSNBC, les gens s’enlèvent la vie lorsque leur plans de pension viennent qu’à échouer. Elle a déclaré avoir entendu des histoires horribles de gens qui se suicident lorsque les plans qu’ils ont faits pour leurs années de retraite ne fonctionnent pas.

Ce sang souille les mains de tous les gens sur Wall Street et à Washington DC qui ont profité de la fraude des titres hypothécaires et de la tempête subséquente de confiscations de résidences dans le but de couvrir les frais de rachat forcé des banques.

Aux pertes d’emplois massives s’ajoutent donc les saisies de maisons et le vol des fonds de pension. Ce n’est donc pas vers une amélioration de l’économie que nous nous dirigeons, mais bien vers la continuation d’une dépression économique mondiale d’envergure, se détériorant de jour en jour…

Les 7 du Québec

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