Les cantines rémoises auront-elles leurs menus halal ? Les responsables des cantines scolaires publiques veulent un état des lieux précis. Entre débat sur la laïcité et respect des règles communes, les décideurs vont faire face à un sacré casse-tête.
Pudiquement, les gestionnaires des cantines, les responsables d’établissement du primaire ainsi que les institutionnels les dénomment « menus spéciaux ». Derrière ce terme, s’abrite un débat plus que brûlant, celui du respect des règles religieuses au sein de l’école de la République. À Reims, comme dans la plupart des agglomérations de même taille, on assiste depuis plusieurs années à une augmentation considérable des demandes, alors qu’on ne dénombrait que quelques cas isolés au milieu des années quatre-vingt-dix. Les choses ont bien changé, car aujourd’hui, ce sont 1 165 enfants (678 en classes élémentaires et 487 en maternelle) qui refusent de manger du porc. Du coup, dans les couloirs de la Caisse des écoles, organe qui contrôle la gestion et la distribution de 6 350 repas quotidiens pour les enfants scolarisés dans le public, on commence à se faire des cheveux blancs. « D’autres plats sont prévus le jour où l’on sert du porc. Cela fait plusieurs années que cela est mis en place. Cependant, on peut dénombrer encore 550 enfants qui disent ne pas vouloir manger de viande du tout. Or, il ne faut pas oublier que notre mission première est de nourrir les enfants », assure Jacques Meyer, adjoint en charge de l’Éducation.
« Il est temps de poser le débat sur la table même si les tribunaux ont statué depuis longtemps. Il est acté que les repas ne sont pas un service public obligatoire. Si on ne voulait pas proposer d’autres plats les jours où il y a du porc, nous serions en droit de le faire mais ce n’est pas notre volonté », déclare Jacques Meyer. Xavier Albertini, ancien président de la Caisse, rejette quant à lui toute concession. « L’école ne reconnaît, ni ne méconnaît aucune religion. Il faut une neutralité, rien de plus. »