Samedi passé, un Bruxellois de 42 ans, entrepreneur dans le bâtiment, s’est servi de sa camionnette comme d’un bélier en montant sur le trottoir pour mettre fin à une agression. Il a coincé un des suspects, l’a renversé et l’a immobilisé sous le capot de son Mercedes Vito. User d’un véhicule contre un piéton : la police aurait pu dresser P-V pour coups et blessures volontaires. Elle s’est contentée d’un simple P-V de roulage.
Quatre jeunes agressaient une femme. Il était 14 h. La place Bethléem, à Saint-Gilles, était noire de monde, mais personne n’avait osé intervenir. L’incident qui n’avait jusqu’alors suscité aucune curiosité, a soudain provoqué un attroupement et Tony, descendu pour protéger la jeune femme, a été roué de coups et sa camionnette endommagée avec un poteau de signalisation qu’ils avaient déraciné. C’était la ruée, le passage à tabac. Tony Canteli et la jeune femme doivent leur salut à un habitant du quartier, Ibrahim 45 ans, qui se trouvant dans un magasin de meubles, est sorti et a foncé pour se porter à leur secours.
Tony dit qu’ils étaient quinze. Selon moi, ils étaient 30 et si je n’avais pas été là, oui, ils les auraient lynchés. » Ibrahim raconte que s’il ne pouvait pas laisser faire, c’est parce qu’il a lui-même « été jeune » dans ce quartier.
Canteli exploite une petite société; sa camionnette est son outil de travail : il est prévenu par son carrossier que la facture dépassera les 5.000 € et son assureur n’interviendra sans doute pas. Alors à quand, s’interroge-t-il, un fonds d’aide aux citoyens qui subissent un préjudice pour s’être porté au secours d’autrui ?
Mais ce n’est pas grave, poursuit Tony. Si c’était à refaire, je recommencerais. Ce que je n’oublierai jamais, ce sont les yeux de cette jeune femme quand elle a vu qu’elle n’était plus seule et que quelqu’un venait l’aider. Et puis, quand tout a été fini, sa façon de vous dire merci. Ce merci, croyez-moi, ça vaut tout…»
Aucun des suspects n’a été interpellé.
(Merci à Vent du Nord)
