Historien des identités et responsable du «mouvement pluricitoyen», François Durpaire considère que le président français a parlé, dans l’émission de TF1 “Paroles de Français”, à mauvais escient de «l’échec d’un multiculturalisme» qui n’existe ni en France, ni en Allemagne, ni même au Royaume Uni. Il ne cache son admiration pour les Etats-Unis où l’on «“fabrique” des Américains à partir de plusieurs cultures».
Que signifie “s’intégrer” ? Est-ce que cela veut dire respecter les lois ? Ou bien manger du porc ? ce qui est difficile pour les Musulmans. Ou encore ressembler au groupe dominant ? ce qui est compliqué pour un noir.
Comment définir alors le multiculturalisme ?
Une nation multiculturelle est une nation dont l’unité et l’identité résulte de la diversité culturelle. Deux Nations sont authentiquement fondées sur le multiculturalisme : les Etats-Unis et le Canada. Tout le monde connaît la devise américaine : “e pluribus unum” (un à partir de plusieurs). Au Canada, le multiculturalisme figure dans la constitution depuis 1976. On y reconnaît la diversité des héritages ainsi que l’apport de ces différentes cultures à la Nation. Ce qui mérite d’être souligné, c’est que ces modèles multiculturalistes sont en fait très assimilateurs, beaucoup plus que l’intégrationnisme à la française.
Le modèle français, c‘est celui de l’ “intégration” ?
Soyons prudent. Depuis quelques décennies, on détricote notre base, celle du philosophe Ernest Renan, qui définit la Nation française par la volonté de vivre ensemble. Ce que l’on appelle “intégration” n’est arrivé qu’assez récemment et l’on s’aperçoit finalement que c’est un mot fait pour rejeter. On ne souligne la nécessité de s’intégrer qu’à propos des personnes dont l’apparence ou les coutumes sont différenciantes par rapport à un Français “type”. […]