Des rideaux de fer baissés. Des fenêtres murées. Quelques petits commerces dépeuplés. Et, entre les tours, des groupes de gens en pleine conversation. Discrets. Circonspects. Il est 15 heures, hier après-midi. On s’approche. L’œil est méfiant. On ne se mêle pas des discussions comme ça, aux Moulins. Ils savent bien que Fatiha Djegaoud, pharmacienne rue de la Santoline, posera dans quelques heures ses questions à Nicolas Sarkozy sur TF1. Mais ils n’ont rien à en dire.
Les habitants de la Cité tournent les talons. Silence radio. Ils ne donnent pas de nom. Refusent les photos. Marre de parler d’eux. Entre les multiples agressions à la pharmacie, le braquage du bureau de tabac, les voitures qui flambent et le chantier de rénovation urbaine, ces dernières semaines, les riverains ont suffisamment donné. « Je veux juste qu’on me laisse travailler en paix » laisse tomber un homme. Un autre, un peu plus loin « ne fera aucun commentaire » sur l’intervention télévisée de sa pharmacienne. Il suppose juste qu’elle va « parler de sécurité » mais il ne croit pas une seconde à l’impact que cela pourrait avoir pour son quartier. […]
Si on parle, on va dire que nous ne nous sentons pas en sécurité mais on craint les représailles… Alors on se tait.[…]