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Après les déclarations de Angela Merkel, David Cameron ou Nicolas Sarkozy, Michel Wieviorka, sociologue à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), estime que la gauche doit dénoncer les attaques convergentes de la droite et de l’extrême-droite contre ce qu’elles appellent le «multiculturalisme». Il propose donc la notion de «multiculturalisme tempéré».

Le multiculturalisme bien tempéré, s’il fait l’objet d’évaluations régulières, s’il est expérimenté avec prudence, et sans généralisation prématurée, n’est pas nécessairement l’abomination que dénoncent les droites et les extrêmes droites, il pourrait même apporter des solutions à une gauche soucieuse d’articuler le respect absolu des valeurs universelles, et celui des différences.

[…] Le terme de multiculturalisme est inapproprié ici, car ce qui est en jeu est d’abord et avant tout une religion, et non une culture. Que celles-ci puissent se recouper est une évidence, mais cela n’autorise en aucune façon à les confondre, et à rejeter le multiculturalisme pour en réalité flatter l’islamophobie. […]

La critique du multiculturalisme par les droites et les extrêmes-droites comporte une dimension qui mérite d’être soulignée : elle va de pair avec l’appel à l’intégration des immigrés. Cet appel est toujours présenté comme une nécessité pour la nation, pour la société dans son ensemble, et jamais du point de vue des immigrés. Ceux-ci sont alors définis comme autant de problèmes ou de sources de difficultés, rien d’autres, et le message qui leur est adressé est vite si peu conforme aux réalités de leur expérience sociale qu’il ne peut être qu’incantatoire, et répressif : que signifie l’injonction de l’intégration, si les moyens de la réussir ne sont guère proposés ? […]

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