Le métissage de la société française n’a pas visiblement relooké la place que la France, la patrie qui chérit les « droits humains », accorde aux Noirs dans sa société. « L’égalité à deux vitesses » telle que chantée dans les Caraïbes est donc toujours la règle qui régit les honneurs et les privilèges que l’on réserve aux fils et filles de la même République française.
Le décès d’un personnage illustre de la vie socio-culturelle française permet de mieux saisir cette triste réalité. Hier, c’était le grand Patrick Saint Eloi qui cassait la pipe sans les grands hommages nationaux qui devaient lui être réservés, aujourd’hui, c’est à Edouard Glissant que l’on réserve le même sort.
Les autochtones de l’Hexagone auraient-ils le racisme chevillé au corps ? Quand un Français (black ou beur) réalise un exploit à l’échelle de la planète, les médias de son pays revendiquent à cri et à cor son appartenance au drapeau tricolore. Il suffit pourtant que le même Français essuie un échec minime que les chaînes d’information hexagonales commencent à l’appeler par des vocables du genre « Martiniquais, Guadeloupéen, Antillais, Franco-Algérien, Franco-Marocain », etc. Dans la gauche comme dans la droite, aucun effort sensible n’est fait pour corriger ces clichés sordides.
Sinon, comment interpréter que la candidature à une présidentielle de Mme Taubira soit un évènement ? Pourquoi les modèles de Kofi Yamgnane et de Pierre Ngahane (respectivement maire et préfet) ne sont pas légion dans un pays qui clame l’égalité entre tous ses fils ? « La France, tu l’aimes ou tu la quittes », avaient lancé les partisans d’une France rigide sur ses valeurs. Entre intellectuels, que serait l’Hexagone de ce début de 21ème siècle sans son passé colonial, son histoire migratoire et ses Dom-Tom ? Certes, il n’y aura de si tôt un « Obama » en France. Mais, au moins la véritable intégration pour les Français beur et black.