Rama Yade, ancienne secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, membre du bureau politique de l’UMP et du Parti radical, salue «les insurrections magnifiques de Tunis et du Caire», et prône pour une refonte de la politique étrangère de la France et la fin de la «realpolitik».
Qu’attendons-nous pour rugir avec la place Tahrir ? Avec cette vieille civilisation qu’est l’Egypte, dont la jeunesse vient de nous donner une leçon de liberté ? Au moment où l’Europe se ferme un peu plus, avec la montée des extrêmes droites, qui, elles, n’aiment ni la liberté ni la démocratie.
[…] Et nous, nous mégotons. Brandissons la menace islamiste. Agitons le chiffon rouge du chaos. Prédisons que le pire est à venir. Scrutons les Frères musulmans au Caire, à défaut d’en avoir vu à Tunis. Avec nos vieilles lunettes, nous voyons venir la révolution islamique d’Iran. N’aurions-nous jamais le droit d’espérer ? Que ne leur faisons-nous pas confiance, à ces peuples qui viennent, au-delà de la peur et des reproches, de prouver leur maturité politique ! Tout seuls. Face à un Occident tétanisé, jusqu’à oublier comment lui-même était devenu libre et démocratique.[…] […]Notre pays doit être aux avant-postes. Il ne nous appartient pas. Nous n’en sommes que les héritiers temporaires. C’est une France forte que nous avons reçue de nos parents. C’est une France forte que nous devrons léguer à nos enfants. Notre politique étrangère devra désormais, de Cuba à la Chine, tendre la main aux dissidents d’aujourd’hui, qui, du fond de leurs geôles, seront sans doute des héros demain, les futurs bâtisseurs de pays démocratiques et libres. Voyons-les. Parlons-leur. Soyons audacieux. N’ayons pas peur de la liberté. Eux, là-bas sur la place Tahrir, comme nous naguère à la Bastille, n’ont peur de rien.