Sale temps pour les entreprises adeptes du Made in France. En ce mois de février, ce sont coup sur coup deux entreprises qui se voient sanctionnées : l’une est en redressement, l’autre en liquidation.
Clayeux, la dernière marque de mode enfantine Made in France en liquidation
Le 1er février, c’est pour Clayeux que le couperet est tombé. Liquidation ! Clayeux était la dernière grande marque de mode enfantine à fabriquer encore en France près de 70% de ses collections. Une page qui se tourne après 60 ans d’histoire.
L’orage semblait être passé avec notamment une augmentation de capital et un contrat de distribution prévoyant l’ouverture de 30 boutiques en Chine. Il y a deux mois et demi, le chiffre d’affaires publié était même de nouveau en hausse de 11 % (sur le 1er semestre de l’exercice). Mais cela n’aura pas suffit à assurer la pérennité de l’entreprise.
Déjà entre juillet 2008 et janvier 2010, la société avait connu un plan de redressement judiciaire, entraînant au passage la perte de 61 salariés.
Contre vents et marées, Clayeux avait réussi à sauvegarder une fabrication française, notamment pour ses modèles en maille, véritable ADN de la marque, et avait acquis une réputation « haut de gamme » allant bien au-delà de nos frontières. L’entreprise misait d’ailleurs sur le développement de boutiques à l’étranger, notamment en Chine et en Russie où le haut de gamme « Made in France » fait recette, pour développer ses marchés.
Sur le site historique de Montceau-les-Mines, plus de 90 personnes travaillent encore en production, encore au moins pour les trois mois qui viennent. Après ? L’entreprise cherche un repreneur, et pour le tribunal de commerce de Chalon, l’emploi sera l’un des critères déterminants. Mais encore faudrait-il qu’il y ait un repreneur, et surtout, que celui-ci ne rachète pas juste la marque, pour en délocaliser la fabrication dans un pays où la main d’œuvre serait bien meilleur marché !
HB Henriot, bols bretons contre bols chinois
Autre secteur d’activité, autre région, mais même difficulté à faire face à la concurrence asiatique : la faïencerie HB Henriot. Trois siècles d’histoire en Bretagne, des produits encore et toujours fabriqués à Quimper et décorés à la main, mais une situation qui devient difficile à tenir. Le fameux bol prénom à oreilles, par exemple, que tout le monde ou presque a un jour ramené de Bretagne. Le modèle authentique HB Henriot, entièrement réalisé et décoré à la main, est vendu 34 euros. Le même fabriqué en Chine ? 3 euros !!! Tout est dit !
Plusieurs fois dans le passé, la faïencerie avait eu à faire face à de graves difficultés, mais à chaque fois, elle avait réussi à repartir. Aujourd’hui, tous les espoirs résident dans un éventuel repreneur, capable de maintenir une production et des emplois en France. Et à Quimper, personne ne veut voir disparaître ce symbole. La mairie qui a déjà acheté une partie des locaux tient à garder ce savoir-faire local. « On ne va pas se lamenter sur l’effondrement du marché. On compte bien trouver un repreneur qui relance cette activité. C’est une priorité », a assuré Marc Andro, vice-président de Quimper Communauté en charge du développement économique.
Il se murmure que parmi les candidats qui pourraient se manifester figure Armor Lux, entreprise de confection, elle aussi quimpéroise. Mais pour le moment le local de l’étape ne confirme pas la rumeur et se laisse le temps d’étudier le dossier.
Profitons-en pour rappeler qu’Armor Lux possède deux usines à Quimper et une usine à Troyes qui fabriquent environ un tiers des modèles Armor Lux, le reste venant de pays à la main d’œuvre meilleur marché, dont la Tunisie par exemple. Mais ne cherchez pas, le site internet d’Armor Lux ne parle que de ses usines françaises. Le reste est pudiquement passé sous silence… A tiens, au fait, c’est aussi en Tunisie qu’Armor Lux sous-traite la fabrication des uniformes destinés à la Police nationale ou à la Poste !