Les États membres de l’Union européenne sont de plus en plus persuadés que Lisbonne sera obligé de demander une aide internationale d’ici le mois d’avril pour faire face aux échéances de sa dette. L’économie du pays s’achemine vers une double récession.
“Le Portugal est en train de couler. Il ne tiendra pas le coup jusqu’à fin mars.” Voilà comment une source jugée digne de foi par la très sérieuse agence Reuters présente la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui les dirigeants portugais. “C’est désormais intégré pas seulement par les marchés mais aussi par les ministres des Finances.“
L’Union Européenne est prête à apporter son soutien à Lisbonne, mais elle souhaite que cette demande d’aide émane des autorités portugaises, qui s’y refusent bec et ongles. Le président portugais de la Commission européenne, José Manuel Barroso, était lundi au Portugal où il s’est entretenu à ce sujet avec le Premier ministre José Socrates et le président de la République Anibal Cavaco Silva.
La Commission européenne est prête depuis de nombreuses semaines à intervenir au Portugal et a même dépêché une mission sur place à l’automne pour travailler sur un plan budgétaire d’envergure avec les autorités portugaises.
Selon plusieurs sources européennes de haut rang, José Manuel Barroso était jusqu’à présent réticent à ce que son pays soit placé sous tutelle internationale, comme dans les années 1980 par le Fonds monétaire international. “Il a compris que dans le cas contraire ce serait un suicide que d’aller sur les marchés avec de tels taux d’intérêt” a indiqué la source interrogée par Reuters pour expliquer ce revirement.
Les obligations portugaises sont sous pression en raison des inquiétudes des investisseurs estimant que le pays lourdement endetté pourrait emboîter le pas de la Grèce et de l’Irlande en faisant appel à une aide internationale. Ce jeudi, la prime que les investisseurs demandent pour détenir des obligations portugaises à dix ans plutôt que les Bunds allemands, qui servent de référence, s’est à nouveau appréciée à 432 points de base. Le taux d’intérêt des obligations à cinq ans à quant à lui atteint un nouveau record historique, à 7,126%.
Selon le Journal de Negocios, qui ne cite pas de sources, l’Allemagne fait pression sur le Portugal pour qu’il demande une aide internationale immédiatement, avant que ne soit modifiés les termes du fonds de sauvetage européen lors d’un sommet les 24 et 25 mars. En fin d’année dernière, Berlin avait déjà été accusé de pousser le Portugal à réclamer une aide, mais avait vigoureusement nié ces accusations.
Lors de la réunion de l’Ecofin, mardi, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble avait considéré qu’il n’était pas nécessaire de réformer le Fonds européen de stabilité financière (FESF) tant qu’un Etat n’en aurait pas besoin. Les responsables portugais ont de leur côté insisté depuis plusieurs jours pour que l’UE accélère cette réforme, qui vise à assouplir les conditions d’utilisation du fonds et à en adoucir les contreparties pour l’utiliser de manière préventive et plus seulement de manière corrective.
L’horizon s’était considérablement assombri cette semaine pour le Portugal après la publication lundi de statistiques de la croissance au quatrième trimestre 2010 faisant ressortir une récession de 0,3% par rapport aux trois mois précédents et les analystes ont dit s’attendre à une nouvelle récession sur l’ensemble de l’année 2011.
Lisbonne fait face à des échéances de refinancement de sa dette de 9,5 milliards d’euros ce printemps, dont 4,5 milliards d’euros en avril et 4,9 milliards en juin. Une autre source a toutefois indiqué que si l’inquiétude était palpable lundi et mardi à Bruxelles, lors de la réunion de l’Eurogroupe puis des ministres des Finances des Vingt-Sept, il n’y avait pas encore d’alarmisme.
La Tribune
(Merci à SPOILER)