Sur fond de hausse des prix des matières premières agricoles, la grand-messe du monde agricole ouvre ses portes aujourd’hui à Paris. L’occasion pour éleveurs et producteurs de présenter leurs métiers. L’occasion aussi pour eux d’alarmer sur les difficultés de la filière.
« C’est la première fois que je vois un contexte si étonnant à quelques heures de l’inauguration du salon », assure François Lucas, vice-président de la Coordination rurale. Agité depuis plusieurs mois par la hausse des prix des matières premières, le monde agricole est aujourd’hui partiellement divisé. « Les céréaliers rient (même s’ils ne sont pas tranquilles face à l’instabilité des marchés) et les éleveurs de porcs et de bovins pleurent », résume le vice-président de la Coordination rurale.
En effet, les premiers bénéficient de la hausse du cours du blé, pendant que les seconds subissent cette augmentation. Ils doivent en effet augmenter leurs coûts de production sans pouvoir répercuter la hausse dans leurs prix de vente.
A cela s’ajoute selon la FNSEA, des difficultés issues d’un manque de transparence des prix dans le monde et d’une dette agricole en France trop lourde à porter. «Nous sommes victimes de traders qui boursicotent avec le blé comme ils le font avec l’or ou le pétrole, s’indigne Pascal Ferré. Il faut arrêter la spirale infernale comme ils l’ont fait en 2008».
Prise de conscience
Les instances agricoles attendent donc beaucoup de la venue de Nicolas Sarkozy au salon le 19 février, même si elles reconnaissent que les pouvoirs publics ont déjà fait un pas vers eux.
« Les éleveurs démoralisés s’accrochent à ce qu’ils entendent au plus haut niveau et voient qu’il commence à y avoir une prise de conscience des problématiques d’alimentation dans le monde, précise François Lucas. Mais il faut aller plus loin ». Et profiter de la tenue du G20 ce week-end à Paris pour interpeller les acteurs mondiaux sur ces problématiques.
Définir les besoins mondiaux en alimentation
La Coordination rurale préconise par exemple de définir les besoins en alimentation des populations mondiales, sujet au coeur des évènements en Égypte et en Tunisie, selon le vice-président. « L’alimentation sert de détonateurs aux différentes crises, explique-t-il. Car dans certains pays, le secteur agricole est stratégique et devient une arme ».
Du côté de la FNSEA, on se prépare surtout pour le G20 de juin avec la tenue d’un colloque international réunissant des délégations de 20 pays différents. « Nous voulons un système de prévision des stocks d’alimentation, un peu comme on le fait sur le pétrole, précise Pascal Ferré. Cela permettrait d’anticiper ».
Au banc des accusés
Qualité, fiabilité, quantité suffisante sont les qualités sur lesquelles les consommateurs devraient pouvoir s’appuyer, selon le monde agricole. « Et cela ne se fait pas en claquant des doigts ou en mettant tout le monde à l’agriculture bio », conteste ainsi le vice-président de la Coordination rurale, visant une campagne de publicité lancée par France Nature Environnement (FNE). Elle dénonce en effet les OGM, pesticides et algues vertes et affiche des mentions comme « Gros menteurs ».
« Des injures proférées contre les éleveurs honnêtes et respectueux des consommateurs, selon la Coordination rurale. Cette campagne met au banc des accusés 95% des agriculteurs en les culpabilisant de ne pas être passé au bio ». A la FNSEA, la réaction est semblable, et l’ignorance de l’association désormais de rigueur.
« Lieu de fête et de fierté »
Pour autant, les syndicats assurent que le salon de l’agriculture est un « évènement festif, consacré aux terroirs ». « Quand les agriculteurs sont ensemble, c’est toujours la fête, précise Pascal Ferré. Dans le milieu, on chasse en meute ».
Chez les Jeunes agriculteurs, on définit cet évènement comme un lieu de passion : « tous les participants travaillent depuis un an pour venir ici et montrer leurs plus belles bêtes, précise Christophe Chambon, secrétaire général. C’est un lieu de fierté ».
