Yves (*), 42 ans, agent de sécurité de profession. Né en Mauritanie, français de nationalité, l’homme au fin collier de barbe, est écroué depuis neuf mois, mis en examen pour « viol et agression sexuelle par ascendant ». L’affaire, jamais révélée jusqu’ici, a été évoquée vendredi face à la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Lyon.
Yves (*) demande sa mise en liberté. En gros, il reconnaît les faits. Mais il ne voit pas trop où est le mal. Et c’est bien ce qui désespère les juges. D’autant qu’il est question d’un scénario particulièrement tordu. Au printemps 2010, ce père de quatre enfants trouve que sa fille aînée se compromet dans une sexualité débridée. Âgée de 18 ans, elle aurait reconnu des relations multiples, attrapée des maladies. Le père ne trouve rien de mieux que de lui acheter un « sex toy » pour la garder à la maison.
Puis il invente un personnage. Il téléphone à sa fille en se faisant passer pour un adolescent. Il simule un bégaiement pour ne pas être reconnu. Il tient des conversations à connotations sexuelles, gémit au bout du fil. Et finit par lui donner rendez-vous dans un hôtel à Villeurbanne, pour une rencontre anonyme. Dans la pénombre d’une chambre, le père arrive avec un masque de catcheur. Il demande à la fille de porter un masque de lapin, lui offre un string. S’en suivent plusieurs actes sexuels. Il ne serait pas question de pénétration (d’où un renvoi possible de l’affaire en correctionnelle plutôt qu’aux assises).
La scène est filmée par un téléphone portable. Lorsque la fille tombe le masque, elle découvre l’incestueuse supercherie. « Elle avait pris de mauvaises habitudes, c’était pour voir jusqu’où elle pouvait aller » dit sans ciller Yves. L’homme continue de se justifier dans un renversement complet des rôles, comme s’il avançait encore masqué. Pensez donc, elle avait fait part de pratiques inquiétantes, de rapports dans toutes sortes d’endroits avec des inconnus.L’accusation demande le maintien de l’incarcération, persuadée d’un risque persistant. « J’ai l’impression qu’il n’a rien compris », estime l’avocate générale.
(*) signifie que le prénom a été changé
(Merci à Fab2a)