S’appuyant sur les «mobilisations citoyennes» apparues au cours des derniers soulèvements dans les pays arabes, Gilles Rabin, économiste, et Luc Gwiazdzinski, géographe (CNRS), plaident pour une citoyenneté «augmentée» qui pourrait être étendue aux touristes.
Nous vivons avec 7 milliards de voisins et de contemporains avec lesquels nous devons désormais faire société. Ces citoyens se mêlent-ils vraiment de ce qui ne les regarde pas? Ne sont-ils pas au contraire, aux bonnes échelles spatiale et temporelle, l’avant-garde d’une nouvelle citoyenneté ?
On doit prêter attention à ces nouvelles formes de mobilisation qui ne sont pas figées dans la proximité et l’urgence. La République peut évoluer sans se renier en prenant en compte la complexité des comportements et des appartenances. Nous en sommes encore loin. […]
Nous assistons à l’émergence de nouvelles mobilisations qui dépassent nos personnes, nos territoires administratifs de gouvernance et nos intérêts égoïstes. Pourquoi ne seraient-elles pas le socle d’une réflexion sur une «citoyenneté augmentée», c’est-à-dire plurielle, présentielle et multiscalaire ? La République doit prendre en compte ces nouvelles formes de citoyenneté adaptées à nos territoires de vie étalés et fragmentés. […]
Imaginons de vrais maires de quartiers élus au suffrage universel et donc naturellement aux couleurs de la diversité française. Donnons un statut particulier aux touristes, visiteurs exigeants qui ailleurs deviendront nos meilleurs ambassadeurs ou nos pires détracteurs et contribueront à la définition de métropoles plus accessibles et hospitalières. A ses débuts, la République a su faire citoyens les étrangers méritants. Soixante-dix millions de visiteurs annuels et de prescripteurs potentiels méritent un minimum d’égards et de soins. Des millions de travailleurs étrangers bien davantage. Notre pays et chacun de ses territoires peuvent se grandir en expérimentant l’idée d’une nouvelle citoyenneté en résonance avec les pulsations de la ville et du monde, urbi et orbi. […]