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Par Eberhardt Unger

Rarement, le problème de la dette publique dans la zone euro n’a fait aussi intensément débat. Dans les pays périphériques, malgré les promesses d’un plan de sauvetage et la mise en place du FESF, les rendements des emprunts d’Etat à 10 ans sont tellement montés que les marchés financiers ont maintenant des doutes sur le fait que l’on puisse éviter l’insolvabilité d’un Etat.

Caricature américaine

Les critères de stabilité de Maastricht (3% et 60%) sont des limites claires. Il manque un élément de règle pour l’insolvabilité d’un Etat. A partir de quand ou à partir de quel ratio d’endettement un pays est-il surendetté ?

Comme les investisseurs financiers n’ont à leur disposition aucun facteur d’évaluation, ils tâtonnent dans l’obscurité, espérant qu’en dernier recours, l’UE paiera la facture. D’un autre côté, l’absence de critères clairs pousse les trésoriers publics et les décideurs budgétaires au laxisme quant à leur manière de financer les déficits budgétaires.

La dette nationale continue d’augmenter. Les réprimandes officielles du FMI ou de la Commission européenne sont d’une utilité très limitée.

L’endettement absurdement élevé des pays industrialisés est un sujet d’inquiétude pour la Banque des Règlements Internationaux (BRI), qui craint qu’au regard des niveaux atteints, il devienne impossible pour les banques centrales de maîtriser l’inflation.

Si les taux d’inflation devaient s’envoler, les banques centrales ne pourraient pas combattre cette hausse avec une politique monétaire plus restrictive car une hausse des taux d’intérêts entraîneraient de facto une hausse du poste des intérêts à payer dans des budgets nationaux, déjà surendettés. Cela conduirait à un endettement encore plus élevé, précipitant le moment de l’inéluctable monétisation de la dette.

La charge annuelle croissante des intérêts payés engloutira une part de plus en plus grande du PIB. La BRI estime que d’ici 2040, les intérêts payés par les Etats atteindront 25% du PIB aux Etats-Unis et en Grèce, 15% en Allemagne, 18% en France et 30% en Grande-Bretagne. Et ces prévisions ne tiennent pas compte que, d’ici là, les budgets seront aussi impactés par une démographie en baisse et vieillissante.

Projections de paiement d'intérêts en pourcentage du PIB (source : BRI) - Cliquez sur l'image pour l'agrandir

Conclusion : les marchés financiers ne parviennent pas à reconnaître la gravité de la situation. La seule issue possible est de laisser filer l’inflation pour diminuer, en termes réels, le poids de la dette publique.

MoneyWeek

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