Fdesouche

Installé dans le royaume depuis plus de quinze ans, l’auteur témoin, à sa manière forcément subjective, de l’épaisseur du malentendu entre Marocains de souche et immigrés d’Afrique noire.

Qird (singe), Khanzir (cochon), Zeitoun (olive), choqlata (chocolat), sale nègre… Au Maroc, les termes insultants pour désigner les Subsahariens sont légions. Passe encore qu’un adulte vous gratifie de tels propos, mais lorsque, dans les bras de son père, un bambin vous traite effrontément de K’hal(“noir”), c’est que, sans doute, il y un problème. Bien sûr, l’enfant ne comprend pas ce qu’il dit et l’on y prêterait guère attention si les manifestations de ce racisme “innocent” étaient moins fréquentes dans le royaume. Que les Marocains soient très nationalistes n’a en soi rien d’anormal ou de choquant, mais quand ce nationalisme frôle le chauvinisme ou la xénophobie, il est temps de tirer la sonnette d’alarme.

[…] De même, quand, dans un bus, il leur arrivait de céder leur place à une personne âgée, ils s’étaient peu à peu rendu compte que leur geste n’était pas interprété comme une marque de respect, mais comme la manifestation d’un complexe d’inferiorité ! pour les marocains, c’était normal : “c’est ce qui se fait entre un maître et ses esclaves.” D’ailleurs, en descendant du bus, ceux à qui ils venaient de rendre service s’empressaient de céder leur siège à d’autres Marocains.

A Rabat, Casa,Marrakech ou Tanger, les attitudes racistes sont aujourd’hui moins fréquentes, mais elles sont loin d’avoir disparu. Cela va du crachat au coup de bâton lancé à partir d’une voiture en marche, en passant par les onomatopées censées imiter le parler “africain”. Il arrive que des automobilistes fassent mine de foncer sur un malheureux passant à la peau noire en vociférant quelque insulte bien sentie.

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