«En condamnant Eric Zemmour, le tribunal n’a fait qu’appliquer une loi dont les motifs et les dispositions n’ont rien perdu de leur raison d’être», rappelle Roland Rappaport, avocat, qui souligne le revirement de la droite depuis l’adoption, en 1972, de la loi de «lutte contre le racisme».
Qui le déclare? Monsieur René Pleven, ministre de la justice le 7 juin 1972. Où? A l’Assemblée nationale, pour soutenir l’adoption de la loi inscrite à l’ordre du jour à la demande du gouvernement sous le titre «la lutte contre le racisme». Cette loi, comme l’on sait, est devenue la loi du 1erjuillet 1972 qui réforme et complète la loi du 29 juillet 1881 concernant la liberté de la presse. Et le Garde des Sceaux se félicite de ce que, sur un tel thème, «l’Assemblée Nationale, le Gouvernement, les élus de la Nation, quelle que soit leur appartenance politique se soient trouvés unanimes. Ce ne peut être un débat partisan parce qu’en luttant contre le racisme, la France reste tout simplement fidèle à elle-même.»
Le gouvernement avait alors comme premier ministre Jacques Chaban-Delmas et comptait notamment parmi ses membres, Miche Debré, Maurice Schuman, Valéry Giscard d’Estaing, Albin Chalandon, Jacques Chirac.
Et pourtant aujourd’hui, 58 députés UMP s’en prennent à cette loi et aux juges qui la respectent en déclarant notamment: «Cette dérive judiciaire qui précède la dérive totalitaire impose désormais la révision des lois qui la permettent».