Depuis hier, les ressources en eau de l’Égypte sont gravement menacées.
En effet, et avec la signature par le Burundi du traité sur le partage des eaux du Nil, l’Égypte perd, en vertu du traité de l’IBN (Nile Bassin Initiative) d’importants droits lui garantissant de disposer de quelque 56 milliards de m3 des eaux du Nil.
Il fallait la signature de six pays des neufs pays riverains du bassin du Nil pour que le traité IBN puisse entrer en vigueur.
C’est maintenant chose faite avec la signature du Burundi après celles du Kenya, de l’Éthiopie, de la Tanzanie, du Rwanda et de l’Ouganda.
Concrètement, l’Égypte perd son droit de veto sur le reste des pays riverains issus de l’ancien empire britannique, selon l’accord signé avec la Grande-Bretagne en 1929 et amendé en 1959. L’entrée en vigueur du traité IBN permet aux neufs pays situés en amont de disposer des eaux du Nil à satiété. Pour mesurer l’ampleur de la catastrophe pour l’Égypte, il faut savoir que l’Égypte tire 90% de ses besoins des eaux du Nil.
Il n’est cependant pas le seul pays à subir le contrecoup de l’entrée en vigueur de ce traité. Le Soudan aussi. Sa division en deux États après le dernier référendum complique la donne. Le Sud est en droit de demander sa part et engager des accords avec les autres États du traité IBN.
Que vont faire l’Égypte et le Soudan? Quelle va être leur réaction face à cette grave menace sur leur approvisionnement en eau? Il est clair qu’avec les projets de centrale hydroélectrique, les projets de barrages, etc. que ne manqueront pas de lancer les pays en amont, il est à se demander quel sera l’avenir de l’Égypte et du Soudan privés ainsi de leurs ressources hydriques. D’autant plus qu’un autre État de la région ne compte pas rater l’occasion pour pomper «sa part» des eaux du Nil.
Israël compte, en effet, sur le canal Al-Salam construit par les Égyptiens pour amener l’eau du Nil jusqu’au Sinaï situé à 40 km de sa frontière où l’État hébreu compte se «brancher». Un vieux rêve qui date de 1956. De l’agression du canal de Suez par Israël, la France et l’Angleterre. Déjà et à cette époque-là, le protocole de Sèvres, cet accord secret signé par les trois pays agresseurs, lorgnait les eaux du Nil au profit d’Israël. Les grandes manoeuvres de Tel Aviv autour de l’IBN ont déjà commencé en Éthiopie et au Sud-Soudan en y finançant des projets hydrauliques.
Le monde entier savait que l’eau sera le prochain prétexte à nombre de conflits. Tout le monde savait et les Égyptiens et les Soudanais plus que les autres que le traité IBN allait contre leurs intérêts. Mais rares sont ceux qui avaient prévu que la guerre de l’eau allait commencer en «concomitance» avec les révolutions dans le Monde arabe. Comment et par quelle «alchimie» la signature du 6e État (le Burundi) est intervenue hier? Au moment où l’Égypte vit une période de transition et le Soudan qui se scinde en deux États. Tous deux fragilisés. L’entrée en vigueur de ce traité augure, à n’en pas douter, des troubles encore plus graves que ce que vivent aujourd’hui ces deux pays.
Des troubles qui ne pourront jamais être circonscrits à cette seule région. Leur impact ira bien au-delà. Si le monde croyait sa paix possible avec la résolution du conflit israélo-palestinien, il devra aujourd’hui perdre cette illusion. Un autre conflit de même envergure se dessine à l’échelle planétaire. Celui de la soif. Et donc de la faim.
(Merci à Jazzman)