Le texte a subi plusieurs modifications de couplets. On compte aujourd’hui 12 couplets et un couplet dit « des enfants ». La majorité des couplets n’est plus dans la version « officielle », celle que l’on trouve sur le site internet de l’Élysée. Seul le premier couplet est chanté lors des événements. Deux couplets (les « couplets des enfants ») ont été ajoutés ultérieurement, dont l’un d’eux a depuis été supprimé de la version « officielle ». Enfin, eu égard à son caractère religieux, le 8e couplet a été supprimé par Joseph Servan, ministre de la Guerre, en 1792. Un autre couplet a été supprimé car il a été jugé trop violent.
Sur la partition originale de Rouget de Lisle, on voit clairement écrit « Marchez, Marchez » au refrain, qui s’accorde avec « Formez vos bataillons », 2e personne du pluriel. La transcription officielle est pourtant « Marchons, marchons », qui tenterait d’établir une rime avec « bataillons » et « sillons ». En réalité, Rouget de Lisle était capitaine. Et en qualité d’officier, il commandait ses hommes. D’où la formule impérative. Néanmoins la Marseillaise est une marche et on peut imaginer que les soldats en manoeuvre en reprenaient le refrain, en chantant « marchons » et non « marchez ». Cette version se serait imposée par transmission orale.
Rouget de Lisle n’ayant écrit que 6 couplets, le site officiel de l’Élysée indique que l’auteur du 7e couplet reste inconnu. Dans son ouvrage Sous le bonnet rouge de sa collection « La Petite Histoire », G. Lenotre rapporte la tradition viennoise, selon laquelle ce couplet aurait été composé par l’abbé Antoine Pessonneaux. Cette version a été reprise par Claude Muller dans Les Mystères du Dauphiné. Selon lui, l’abbé, professeur de rhétorique au collège de Vienne de 1788 à 1793 né à Lyon le 31 janvier 1761, jugeant que le texte était incomplet, puisqu’il n’évoquait pas les nouvelles générations, écrivit le « couplet des enfants » qu’il fit chanter par les élèves lors de la fête de la fédération du 14 juillet 1792 en présence de la population et de soldats de bataillon de fédérés marseillais alors en transit dans la ville. Ce couplet passa ensuite à Paris, grâce au député Benoît Michel de Comberousse. Traduit devant le tribunal à Lyon – le 1er janvier 1794 (12 nivôse an II) selon G. Lenotre -, l’abbé aurait été sauvé de la mort en se présentant comme l’auteur du septième couplet de la Marseillaise. L’abbé Pessonneaux mourut le 10 mars 1835.
Également selon Claude Muller, en 1848, Louis du Bois, ancien sous-préfet né à Lisieux le 16 novembre 1773, mort le 9 juillet 1855, affirma être l’auteur du couplet et expliqua avoir emprunté l’idée au chant des Spartiates rapporté par Plutarque, ouvrant une querelle d’historiens.
La Marseillaise
Premier couplet
Allons enfants de la Patrie,
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie
L’étendard sanglant est levé. (bis)
Entendez-vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces soldats,
Qui viennent jusque dans nos bras
Egorger nos fils et nos compagnes.
Aux armes citoyens !
Formez vos bataillons !
Marchons, marchons
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons !
Couplet 2
Que veut cette horde d’esclaves
De traîtres, de rois conjurés.
Pour qui ces ignobles entraves
Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
Français pour nous ah ! Quel outrage
Quel transport il doit exciter,
C’est nous qu’on ose menacer
De réduire à l’antique esclavage !
Refrain
Couplet 3
Quoi ces cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers ?
Quoi ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ? (bis)
Grands dieux, par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient.
Les vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées.
Refrain
Couplet 4
Tremblez tyrans et vous perfides,
L’opprobe de tous les partis.
Tremblez, vos projets parricides
Vont enfin recevoir leur prix. (bis)
Tout est soldat pour vous combattre.
S’ils tombent nos jeunes héros,
La France en produit de nouveaux
Contre vous tout prêts à se battre.
Refrain
Couplet 5
Français en guerriers magnanimes
Portez ou retenez vos coups !
Epargnez ces tristes victimes,
A regret s’armant contre nous. (bis)
Mais ces despotes sanguinaires,
Mais ces complices de Bouillé,
Tous ces tigres, qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère.
Refrain
Couplet 6
Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs.
Liberté, liberté chérie
Combats avec tes défenseurs. (bis)
Sous nos drapeaux que la victoire
Accoure à tes mâles accents,
Que nos ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire.
Refrain
Couplet 7
Foulant aux pieds les droits de l’homme
Les soldatesques légions
Des premiers habitants de Rome
Asservirent les nations. (bis)
Un projet plus grand et plus sage
Nous engage dans les combats
Et le Français n’arme son bras
Que pour détruire l’esclavage.
Refrain
Couplet 8
Oui déjà, d’insolents despotes
Et la bande des émigrés
Faisant la guerre aux sans-culottes
Par nos armes sont altérés. (bis)
Vainement leur espoir se fonde
Sur le fanatisme irrité,
Le signe de la liberté
Fera bientôt le tour du monde.
Refrain
Couplet 9
Ô vous que la gloire environne,
Citoyens, illustres guerriers,
Craignez, dans le champs de Bellone,
Craignez de flétrir vos lauriers ! (bis)
Aux noirs soupçons inaccessibles
Envers vos chefs, vos généraux,
Ne quittez jamais vos drapeaux,
Et vous resterez invincibles.
Refrain
Couplet 10
Peuple français, connais ta gloire,
Couronné par l’égalité,
Quel triomphe, quelle victoire,
D’avoir conquis la liberté ! (bis)
Le dieu qui lance le tonnerre
Et commande aux éléments,
Pour exterminer les tyrans,
Se sert de ton bras sur la Terre.
Refrain
Couplet 11
Nous avons de la tyrannie,
Repoussé les derniers efforts,
De nos climats, elle est bannie,
Chez les Français les rois sont morts. (bis)
Vive à jamais la République !
Anathème à la royauté !
Que ce refrain partout porté,
Brave des rois la politique.
Refrain
Couplet 12
La France que l’Europe admire
A reconquis la liberté
Et chaque citoyen respire,
Sous les lois de l’égalité. (bis)
Un jour son image chérie
S’étendra sur tout l’univers.
Peuple, vous briserez vos fers
Et vous aurez une Patrie !
Refrain
Couplets des enfants
Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n’y seront plus.
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus. (bis)
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre.
Refrain
Enfants, que l’honneur, la Patrie
Fassent l’objet de tous vos vœux !
Ayons toujours l’âme nourrie
Des feux qu’ils inspirent tous deux. (bis)
Soyons unis ! Tout est possible ;
Nos vils ennemis tomberont,
Alors les Français cesseront
De chanter ce refrain terrible :
Aux armes citoyens !
Formez vos bataillons !
Marchons, marchons
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons !