Ceux qui applaudissent aux révoltes arabes écoutent-ils la colère des Français? Les Tunisiens, Égyptiens, Libyens, fédérés par l’Internet, veulent, comme l’a dit Nicolas Sarkozy dimanche en annonçant son remaniement ministériel, “prendre leur destin en main“. Les drapeaux nationaux et les prières publiques font comprendre, en effet, que ces populations entendent protéger les nations et leurs cultures.
“Nos mères portaient des robes courtes, mais parce que Kadhafi est allé trop loin dans l’ouverture de la société, nous avons décidé de porter le voile“, explique Hanaa el-Gallal, juriste libyenne. L’écrivain égyptien Khaled Al Khamissi appelle les “étrangers” à respecter les 7 000 ans de son pays. Réactions saluées en France. Pourquoi celles des Français ne le sont-elles pas?
“Il y a de part et d’autre une même aspiration à la dignité“, remarque avec justesse Dominique de Villepin (Libération, mardi). Mais c’est une vision asséchée des aspirations de ses compatriotes qu’il propose avec l’instauration d’un “revenu garanti à tous, de 850 euros“. Ce n’est pas en distribuant l’argent d’un État en faillite que s’apaisera la crise identitaire, dénominateur commun à tous les peuples confrontés à la mondialisation.
Ce que montrent les révolutionnaires du Maghreb est moins une appétence pour la démocratie occidentale, qui reste un “produit d’importation” (Olivier Roy), qu’une fierté à vouloir devenir ce qu’ils sont. Puissent-ils rejeter l’islamisme qui caricature aujourd’hui l’Iran. L’évitement de cet autre totalitarisme est évidemment possible.
(Merci à Force Bleue)