“C’est parce qu’on fréquente une prostituée, qu’on est proxénète?” On l’aura compris, il ne s’agit pas d’un sujet du bac, mais de la profonde réflexion qu’entame Mohamed, 57 ans, à la barre du tribunal correctionnel d’Aix. Il comparaît pour proxénétisme, pour avoir aidé sa compagne de l’époque. “Je faisais que la déposer à l’hôtel. Parfois je prenais la chambre et je lui donnais la clé, mais je savais pas que c’était hors la loi”, soutient Mohamed, cheveux gominés à l’arrière, salarié dans une grosse société voisine de l’hôtel Bonsaï où se déroulait l’activité de la jeune femme. “Vous saviez bien qu’elle se prostituait”, observe Dominique Jaubert, qui préside l’audience. “Oui, mais pour moi, le proxénète, c’est celui qui la met de force et lui prend son argent”. Aux yeux de la loi, c’est un peu plus complexe …
Un autre prévenu, Mohamed lui aussi, répond de faits similaires. Il trouvait les clients d’une autre très jeune femme, la déposait et la récupérait à l’hôtel. Ce trentenaire gaillard adopte une tout autre position : “J’ai été faible et couillon. Bien sûr, que je savais, c’est même elle qui m’a demandé de l’aider.” Il retenait, selon l’accusation, un tiers des gains. Récidiviste, lui, comparaît détenu. “J’ai fait n’importe quoi. J’ai une fille de 15 mois, je ne la connais même pas. Elle me voit au parloir, elle ne sait même pas qui je suis”. […]
