Gisèle Halimi, l’avocate connue pour ses engagements «féministes et anticolonialistes», est née en Tunisie dans «une famille juive et pauvre». Elle répond aux questions du JDD sur la situation en Tunisie, l’islam en France et les femmes dans la vie politique.
L’immense majorité en France pratique l’islam dans une parfaite tolérance.
Vous, l’ancienne avocate de Bourguiba et du FLN algérien, comment avez-vous réagi à la révolution sur votre terre natale ?
J’ai ressenti une émotion intense. Vous savez, je suis toujours tunisienne, j’ai la double nationalité. J’ai envoyé un message à mon copain, Béji Caïd Essebsi, le Premier ministre qui vient de remplacer Mohamed Ghannouchi. Nous dirigions ensemble l’Union des jeunes avocats. C’est quelqu’un en qui j’ai confiance. Il a été ministre des Affaires étrangères de Bourguiba, il ne s’est jamais compromis avec la dictature de Ben Ali. Il représente bien l’alliance de l’universalisme républicain, des Lumières et d’une revendication naturelle identitaire.
L’islam peut-il menacer l’identité française ?
Absolument pas. L’immense majorité en France pratique l’islam dans une parfaite tolérance. Qu’il y ait ici ou là des difficultés, vous connaissez une société où tout va conformément aux droits de l’homme et de la femme ? Le débat autour de l’islam que je vois poindre est un instrument politique inacceptable.
Mais les femmes, dans les cités, font face à des situations difficiles.
Il y a une harmonie à construire, c’est une bagarre, évidemment. Ce qui se passe en banlieue n’est pas une régression mais une réaction contre les avancées des femmes qui constituent une menace pour le leadership masculin.
En 2012, pas de femme à l’horizon présidentiel comme Ségolène Royal en 2007 ?
Peut-être Martine Aubry, en tout cas, je la soutiens, j’aimerais qu’elle se jette dans la bagarre.[…]