Satisfactions, souvenirs, déceptions… Pour clore notre série de pages spéciales, Martine Aubry revient sur ses dix ans à la barre de la mairie de Lille. Et lève le voile sur ses ambitions et son avenir.
Pour autant, tout n’était pas acquis. Il fallait construire une majorité issue de familles diverses…
« Oui, c’est sûr. La ville de Lille n’a jamais été acquise à la gauche, contrairement à ce qu’on croit. D’ailleurs, en 1995, Pierre Mauroy était en triangulaire avec le Front national. Et je l’ai encore été en 2001. Les rapports n’étaient pas faciles entre les socialistes et les Verts, qui avaient quitté l’équipe de Pierre Mauroy dans le mandat précédent. Ma volonté était de rassembler les hommes et les femmes qui ont les mêmes engagements. Nous avons donc préparé un projet en commun. Un accord politique entre des partis n’a pas de sens s’il ne consiste qu’à se répartir des postes. Nous avions l’habitude de travailler ensemble avec les communistes, radicaux et citoyens. Avec les Verts, il a fallu apprendre à se connaître. Je partageais leur volonté de présenter une liste seuls au premier tour. Nous avons appris à travailler ensemble. Bien sûr, il y a eu des débats et parfois des accrochages, mais la confiance est née des choses qu’on a réussies en commun. »
Sur les dix années écoulées, de quoi êtes-vous la plus fière, quelles déceptions nourrissez-vous ?
« Les fiertés ? C’est d’abord d’avoir redonné la fierté de leur ville aux Lillois. Et un autre regard des autres sur nous. Ensuite, d’avoir gardé nos classes populaires, alors que dans d’autres villes, elles sont souvent renvoyées en banlieues. La renaissance de nos quartiers populaires, les grands projets économiques et culturels, c’est ça la métamorphose de Lille. C’est aussi des moments de bonheur plus personnels : quand on ouvre Euratechnologies en présence d’anciens ouvriers, quand les habitants du Petit-Maroc découvrent b’Twin. J’ai bien conscience qu’il y a encore beaucoup de difficultés, mais nous allons continuer. […]