Dans un rapport rendu public mercredi matin et intitulé L’avenir des années collège dans les quartiers difficiles, la sénatrice UMP du Bas-Rhin, Fabienne Keller, préconise un «travail sur la mémoire» et propose la rédaction d’un manuel «franco-africain» qui «serait un premier pas dans la construction d’un vivre-ensemble».
Nés en France, mais vivant dans des références qui sont liées à des pays dans lesquels ils n’ont pas vécu, ces jeunes ont un problème personnel d’identité.
En préambule, le rapport collectionne quelques faits têtus. Par exemple, le quartier des Bosquets à Montfermeil compte 44 % de jeunes de moins de 20 ans. En moyenne, ces quartiers connaissent un taux de chômage de plus de 40 % et 29 % de leurs habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. À Clichy-sous-Bois, selon la démographe Michèle Tribalat, citée par Fabienne Keller, la proportion des jeunes de moins de 18 ans d’origine étrangère (1) est passée de 22 % en 1968 à 76 % en 2005.
Pour l’historien Benjamin Stora, «un récit unique, non, ça, vraiment, je ne vois pas. Les conceptions sont trop diamétralement divergentes, et à ma connaissance, les intellectuels africains ne sont pas prêts au compromis. Ils ont une vision totalement négative de la colonisation, et la tendance est au ressourcement identitaire contre l’ancienne puissance coloniale. Évidemment, je comprends cette proposition et je la préfère au discours de repli sur l’histoire nationale et au refus des étrangers. Mais elle me paraît irréaliste.»