Pascal Boniface, Directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), présente le livre du sociologue Michel Wieviorka, Pour la prochaine gauche . Un ouvrage dans lequel l’auteur prône explicitement la reconnaissance de l’islam et s’inquiète des mesures législatives qui semblent viser particulièrement cette religion. Pour Michel Wieviorka, la prochaine gauche «n’est pas obsédée par le projet d’écraser l’infâme».
Ce n’est pas être communautariste pour un élu local que de tenir compte de ces données culturelles liées à l’origine, c’est être réaliste. (M. Wieviorka)
Michel Wieviorka prend des positions qui dénotent par rapport à l’air du temps, mais qui sont en fait fidèles à une tradition humaniste de la France et à son rayonnement international. Il estime que la question des identités multiples transnationales est désormais incontournable. […]
Pour la prochaine gauche plaide pour une France ouverte, faisant des efforts pour mieux accueillir les étrangers, évitant de les pousser dans des logiques de clandestinité et renouant avec des valeurs qui ont fait de la France une nation universaliste, adressant un message humaniste au monde entier. L’ouvrage se positionne à l’opposé d’une certaine vision de l’intégration, que défendent certains intellectuels et responsables politiques, qui somment les immigrés de s’y plier sans toutefois leur en offrir les moyens ni créer les conditions favorables.
L’intégration devient alors une formule incantatoire dont la réalisation se résume à la répression policière. Évoquant les émeutes de 2005, l’auteur y voit la révolte de jeunes largement issus de l’immigration, vivant dans un pays qui leur promet la liberté, l’égalité et la fraternité mais qui, dans la réalité, ne leur propose que discriminations, exclusion sociale, chômage massif et ghettoïsation. Il s’oppose donc à une vision restrictive de la laïcité qui, au fond, a pour résultat (ou pour dessein) de stigmatiser les musulmans. […]
