Le directeur des Cahiers de l’Orient craint un effet domino : “Après un tel éclatement on irait vers celui du Liban, puis celui du Yémen. Puis en Egypte…”
Comment la contestation est devenue possible en Syrie?
– La contestation ne touche pas toute la Syrie, pour le moment, mais est localisée à la frontière Syro-jordanienne à Deraa, une ville frontalière sur la route entre Damas et Amman. Et c’est une ville de minorités – Arméniens, Kurdes, Turkmènes…- ce qui a très probablement mis la mèche.
Leurs propres revendications se sont ajoutées aux revendications transversales des mouvements de contestations précédents en Tunisie, en Egypte ou en Libye. Toutes ces personnes ont vu le monde se faire sans eux durant les trente dernières années et là, grâce aux technologies auxquelles elles ont accès, elles parviennent à participer aux changements en cours.La question est maintenant de savoir si la contestation va toucher les grandes villes, jusqu’à Damas. Car si tel est le cas on peut craindre un démantèlement de la Syrie […]
Après un tel éclatement on irait vers celui du Liban, puis celui du Yémen. Puis en Egypte, l’entité copte serait confirmée dans la Haute-Egypte… N’oubliez pas non plus que trois Etats coexistent en Irak et que le Sud-Soudan vient de faire sécession.On aboutirait à une atomisation communautaire au lieu d’être dans une logique de citoyenneté voulue par les Français et les Britanniques dans les accords de 1916.
On peut vraiment en arriver là?– On y est déjà. L’Irak est éclaté, le Soudan s’est scindé en deux Etats. Si la Syrie est éclatée, alors s’en est fini du Proche-Orient tel qu’on le connaît aujourd’hui.[…]