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Michel Kokoreff, professeur en sociologie à Nancy II, «décrypte» 5 idées reçues sur les «quartiers populaires» et le regards que leurs habitants portent sur la politique. Extraits.

Un renouvellement générationnel s’opère, une démographie qui change complètement dans la France urbaine et en particulier dans ces quartiers. Une élite locale, plutôt maghrébine que subsaharienne, se constitue, et on peut s’attendre à ce que dans une dizaine d’années cette petite classe moyenne qu’on a pu appeler la “beurgeoisie” ait une traduction politique.

4ème idée reçue : Les banlieusards s’abstiennent parce que les élus ne leur ressemblent pas

«C’est un thème délicat à aborder en tant que candidat car on peut être tout de suite taxé de communautariste quand on met en avant le fait de ressembler aux électeurs. Du fait de certaines politiques, et notamment la politique du logement, on assiste dans certains quartiers à une concentration ethnique qui fait que dans certaines “zones urbaines sensibles” on a 60% à 70% de la population qui est à la fois étrangère, immigrée et issue de l’immigration. Or ce conseil municipal reflète une partie mais qui est plutôt concentrée dans les quartiers sud de la ville, plus résidentiels, bourgeois.»

Toutefois, «les choses ont changé depuis dix ans», estime Michel Kokoreff. Notamment sous l’impulsion de la diversité mise en avant par Nicolas Sarkozy ou l’élection de Barack Obama, avance le sociologue pour qui «on a avancé dans les mentalités mais pas dans les institutions».

Pour le premier tour de ces élections cantonales, deux des dix candidats étaient cependant des candidats «indépendants», sans étiquette, qui avaient en commun d’être issus des quartiers. Et de mettre en avant cette extraction. L’un des deux, Mohamed Bentebra, a même articulé en partie sa campagne autour de l’idée que s’appeler Mohamed était son «meilleur argument». L’un et l’autre ont obtenu 2% et 4,5% au premier tour le 20 avril. Mais à Gennevilliers, ville voisine à la sociologie proche, un autre candidat indépendant, 28 ans, a obtenu 8%. Michel Kokoreff y voit un début de frémissement :

«Le poids des enjeux nationaux joue sur le score de ces candidats issus des quartiers. Ils ne font pas des scores vertigineux. Mais avec des 8% ou 9%, on devient incontournable, au moins localement. Dans la mesure où ça se reproduit dans plusieurs communes, on peut se poser la question de l’émergence d’une nouvelle génération de militants dans les quartiers populaires. » […]

Rue 89

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