Opération de contrôle d’identité, hier après-midi place Carnot, près du centre d’échanges de Lyon-Perrache. Visées : les familles roms arrivées de Macédoine à la mi-mars.
Sakirou fouille dans sa poche et exhibe sous le nez du policier, quatre passeports tout neufs. Celui de sa femme Cmahdul, de sa fille de 16 ans et de son fils de 14 ans. Sakirou est un Macédonien rom venu de la région de Skopje en 2006. Cinq ans déjà. Cinq ans pendant lesquels il a appris le français avec ses enfants scolarisés. Toujours pas de travail mais sa famille a un toit. Du provisoire qui dure : foyer ou hôtel. Ce qu’il attend depuis cinq ans ? Le droit de vivre en France. Sakirou a bon espoir, tout comme la centaine de Roms de Macédoine arrivés en car à Lyon à la mi-mars.
Leur point de chute : la place Carnot près du centre d’échanges de Perrache dans le 2 e arrondissement de Lyon. La plupart se sont éparpillés dans la ville mais la place Carnot reste « leur lieu de ralliement ». Et la présence de ces familles accompagnées de jeunes enfants n’est pas du goût des riverains. Depuis quinze jours, les lettres de protestation pleuvent en mairie : on leur reproche d’envahir les aires de jeux, de laisser leurs détritus et de faire mendier leur progéniture. Une situation intolérable pour le préfet de région, Jean-François Carenco qui s’est déplacé hier après-midi, en personne, à Perrache, accompagné du directeur départemental de la sécurité publique, Albert Doutre. Sakirou fait l’interprète pour le préfet qui s’entretient avec un père de famille. La demande d’asile de cet homme qui a déboursé 1 000 euros pour rallier la France, date du 22 mars et il est hébergé à l’hôtel depuis deux jours.
« Nous avons 800 chambres à disposition toutes les nuits pour les demandeurs d’asile », souligne le préfet.
Puis en s’adressant à un petit groupe : « Beaucoup de gens font la manche ici, ça ne se fait pas. Je ne veux pas non plus que vos enfants mendient ni ne traînent dans la rue. » Silencieux, les Roms opinent. Tous sont en règle. Les policiers ont contrôlé hier, comme ils le font chaque jour, 35 personnes errant place Carnot. Essentiellement des Roms de Macédoine mais aussi quelques Roumains et des Bulgares. « Ils possèdent soit un passeport avec une entrée valable trois mois soit un récépissé d’une demande d’asile politique », indique le commissaire du 2 e arrondissement. Quel avenir les attend en France ? « Là-bas, c’était dur, on avait des problèmes », lâche Sakirou. Il n’en dira pas plus. Le message du préfet est-il passé ? La semaine dernière, un couple de Roumains a été placé en garde à vue pour avoir incité ses enfants de 9 et 12 ans à mendier.