Salah Guemriche, journaliste et écrivain algérien vivant en France depuis 1976, n’aime pas les interrogations sur l’identité française et surtout pas celles concernant ses «racines chrétiennes» de la France qu’il assimile à une sorte de «schizophrénie». Il nous explique sa vision de l’histoire de France.
Il a publié Le Christ s’est arrêté à Tizi-Ouzou, essai-enquête sur les conversions en terre d’islam (Denoël, 2011) et Abd er-Rahman contre Charles Martel (Perrin, 2010).
Après la schizophrénie assumée, voici la schizophrénie institutionnalisée qui nous délivre son message, on ne peut plus clair : il y a au moins une catégorie de Français qui n’auraient pas le droit de se sentir pleinement français, et c’est cette catégorie seule que visent les initiateurs du débat sur la laïcité.
Il règne comme un syndrome de schizophrénie au pays de Voltaire. Malmenée de l’intérieur par des parodies de débats censés renforcer le sentiment national, écornée de l’extérieur par ses compromissions et ses bavures diplomatiques, l’image de la France paraît de plus en plus floutée aux yeux des Français.
Après avoir innové avec un vicieux ministère de l’immigration et de l’identité nationale, chargé de soumettre et non d’intégrer la première à la seconde ; après avoir tenté de livrer celle-ci à un débat forcé, vite avorté ; voilà qu’on arrache le mégaphone des mains frontistes pour crier plus fort haro sur l’islam et ses prieurs du macadam. Avant de se ressaisir : plus question de débattre de l’islam en France ni même de l’islam de France mais tout bonnement de la laïcité. Nul n’est dupe du sens d’un tel contournement, mais les apparences républicaines sont sauves.
Ainsi, la République nous rappelle-t-elle au bon souvenir de son christianisme ! […]