Jean Tabet, «militant anticolonialiste», membre des réseaux d’aide au FLN, est interviewé par le journal algérien El Watan. Il dénonce le «danger fasciste» en France, le «racisme d’Etat» et fait un parallèle entre le «lepénisme» et l’islamisme.
Si l’islamisme a représenté un très grave danger pour l’Algérie et pour d’autres pays, s’il tente de s’implanter en Europe, il ne représente aucun danger pour la France, en dehors du terrorisme qui peut frapper partout.
–Les récents sondages en France donnent Marine Le Pen en tête, quel que soit son adversaire. Pour vous, le Front national est-il un parti fasciste ?
Ce parti, composé au début de pétainistes et de nostalgiques de l’Algérie française, a pu prospérer avec l’aide indigne des médias et de certains partis qui ont cru qu’ils pourraient l’utiliser à des fins électorales. Avec la perte du sens de la solidarité internationale, le désespoir, la panne de projet, l’absence de perspectives, le FN a bâti son idéologie sur le racisme, la haine de l’autre, de l’étranger, de l’immigré. Il a permis à de nombreux Français de justifier le racisme et de le banaliser. […]
–Vous faites partie de ceux qui pensent qu’il faut combattre ce parti dès maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. De quelle manière faut-il le faire ?
[…] S’il est exclu que Marine Le Pen gagne la présidentielle en 2012, en revanche, elle peut se retrouver au deuxième tour et dans ce cas, si le report des voix de la droite sur le candidat de gauche ne se fait pas correctement, il est à craindre qu’elle atteigne 30 à 40%, ce qui lui ouvre un boulevard pour construire un parti de masse. Des forces nombreuses doivent se lever et créer des comités de vigilance tout en combattant le racisme ordinaire et le racisme d’Etat. La gauche française doit absolument se montrer moins frileuse et plus audacieuse en ouvrant des perspectives d’avenir. L’indifférence et la neutralité ne sont plus de mise, chacun doit s’engager.Aujourd’hui, nous n’avons pas réussi à déconstruire la pensée coloniale et néocoloniale.