Léna Ghenim a passé une journée dans un établissement classé en Zone prévention violence. Les problèmes y sont nombreux : identitaires, scolaires, non-maîtrise du français par des parents, fatigue des professeurs …
La plupart des élèves qui le fréquentent sont nés en France mais pas leurs parents. Autour de moi, des élèves qui préfèrent se présenter comme Maliens, Turcs, Algériens ou Portugais plutôt que comme Français.
La semaine dernière, j’ai passé une journée dans un collège de Seine-Saint-Denis afin d’en prendre la température. L’établissement que j’ai choisi, situé dans une Zone d’éducation prioritaire, qualifié de sensible et classé en Zone prévention violence, est loin d’être un internat d’excellence. […]
Âgés de 11 à 16 ans, ils ont une nette conscience de leur «différence» mais paradoxalement ne semblent pas mesurer à quel point la cité dont la majorité d’entre eux provient est mal vue. Ce quartier, où ils vivent depuis des années maintenant, ils l’aiment, ne connaissant rien d’autre et n’ont encore aucune envie de le quitter. […]
9h30. Le centre de documentation et d’information (CDI) est très calme. Quelques élèves y parlent, d’autres lisent des mangas. C’est, me dit-on, le genre livresque par excellence, plébiscité par tous les adolescents qui fréquentent le lieu. Les Zola, Steinbeck, Hugo ne sont lus et étudiés que parce qu’ils figurent au programme des œuvres dont la lecture est imposée par le professeur de lettres. Cette désaffection pour les auteurs classiques et la lecture tout court s’expliquent notamment par la méconnaissance de la culture française par des parents, parfois illettrés mais surtout dépassés par un système éducatif dont ils ne comprennent guère les rouages.
La plupart des élèves m’expliquent que le français n’est pas la langue parlée au domicile familial, au profit du portugais, de l’arabe et de quelque autre langue subsaharienne. […]